Voyage de rêve avec mon amie
Pour commencer par le commencement, j'avais parlé à Audrey d'une idée de voyage. Moi la Mongolie ça me branchait. J'avais besoin d'un truc différent de tout ce que j'avais vu. Et loin. Comme j'ai du sang Mongol, à 10 000 000 de générations, c'était un peu un retour aux sources. Il a fallu choisir entre le confort d'un emploi quasi stable au Canada pour plusieurs années ou mettre cette vie entre parenthèses et partir à l'aventure. 2 semaines de trip pour ensuite plusieurs mois de galère, chômage et moments pas cools en France. Puis trouver un séjour et un vol, enfin 4. Une période de l'année, une compagnie sérieuse, les démarches de visa. (Une française qui fait une demande de visa pour la Mongolie à Ottawa, imaginez la tête de la fille à l'ambassade..). Mettre de l'argent de côté, déménager (Ce qui reste au Canada, ce que j'emmène en France, ce qui va avec moi en Mongolie), me faire bénéficier des tarifs d'Audrey, d'abord refusés puis acceptés, payer les billets d'avion. Pour Audrey, la même chose, mais poser ses vacances, d'abord refusées quelques semaines avant le départ puis validées par un concours de circonstances. On l'a su quelques jours avant le départ. Moi comme d'habitude, stressée par les grands départs. Finalement, tout s'est très bien passé.
Audrey et moi avons pris l'avion le 4 Août à Paris. Comme Audrey a pu me faire bénéficier de ses privilèges à un prix honteusement dérisoire, nous avons voyagé en classe Affaires. Etant 6 fois le prix d'un billet en classe Économique, le confort y est tout autre. Sièges inclinables presque à l'horizontale, vaisselle en porcelaine, nappe et serviette en tissu, champagne, boisson à volonté, écran de TV personnel, téléphone (payant). Bref, la classe ! Comme Audrey est PNC, elle est allée parler avec l'équipage pendant le vol. L'un des stewarts était originaire...du Gorvello (A 10 km de chez mon père). On a parlé d'Albertine, propriétaire du bar du village, et de Pascal Lino, un champion d'étapes Tour De France dans les année 1990 et copain à lui. Vous voyez, les Bretons se retrouvent partout. Une des hôtesses m'a montré le coin première classe (Un fauteuil qui se transforme en lit, ils vous donnent une couette et vous n'avez qu'à vous lover dans une alvéole..). Je devais voir le poste de pilotage mais il y a eu des turbulences et j'ai dû aller me rasseoir.
L'arrivée à Pékin a été un peu stressante, il a fallu sortir les bagages (arrivés en premier, ouf), les ré-enregistrer à un autre terminal à 15 minutes de bus de celui où on était arrivées, passer 3 ou 4 sécurités et arriver 10 minutes avant l'embarquement. Ouf... Mais on était tellement heureuses de presque toucher le rêve qu'on était de bonne humeur.
Arrivées à l'aéroport de Ulaan-Baator, une petite frayeur, ne voyant pas mon sac sur le tapis. En fait, il était tombé de l'autre côté du tapis. Une des filles de l'agence nous attendait avec son panneau Horseback.
Première différence : Le volant est à droite, la ceinture n'est obligatoire pour personne, ni le casque à moto. L'état des routes est lamentable, seulement 1500 kilomètres sont goudronnés sur les 50 000 kilomètres du réseau routier Mongol. Et quand on dit ''goudronné", c'est un bien grand mot. Le Québec se plaint de l'état de ses routes, qu'ils aillent donc juste à la sortie de la capitale, qu'on rigole un peu. Les véhicules sont obligés de rouler où ils peuvent pour éviter les nids de poule. Que dis-je, les nids de dinosaures. Quitte à se retrouver face à face et en sens contraire de la voie. Mais bon, on est venues pour voir des choses différentes, et ça nous faisait surtout rire.
La capitale est grande, sale, peuplée et triste. Sur 3 000 000 d'habitants dans tout le pays, un tiers vit à Ulan-Bator.
Une fois déposées à l'hôtel, nous sommes sorties pour aller acheter de l'eau et passer dire bonjour aux gens de l'agence. Pour traverser la route, on a trouvé le truc. On attend qu'un habitant traverse et on le suit. Sinon on se fait écraser. Ils conduisent comme des malades et se servent de leur klaxon en guise de clignotant. ça aussi, ça nous faisait rire.
De retour à l'hôtel, dodo jusqu'à tôt le lendemain matin.
Au petit dèj, nous a rejointes Myriam, une petite dame d'Albi de 47 ans avec une pêche d'enfer, fan de rando et grande voyageuse. Elle sortait à peine de l'avion et elle a passé la journée avec nous. Quand j'y repense, elle a plus la ouache que la plupart de mes copains trentenaires..
Notre guide, Inké (''Mon nom entier c'est Irh Baïrh mais appelez moi Inké"), jeune femme de 28 ans, et notre chauffeur, Batrr, nous ont fait passer notre premier jour dans la capitale. Au programme, le monastère de Gandantegchilen. Tourner les moulins à prières, des cylindres métalliques gravés, entrer dans le temple du pied droit, et sortir à reculons en signe de respect à la divinité. Le temple bouddhiste, une grande première pour l'impie que je suis.
Puis l'usine de cachemire, glauque et sordide. Les filles et moi pensons que c'est une ancienne prison soviétique, mais notre guide a soigneusement évité de répondre à la question.
Restau local le midi, Inké nous a appris à jouer aux osselets, cheval, mouton, chèvre et chameau. Repas avec du mouton, J'ai commandé ma première bière Mongole, au nom du conquérant. Myriam aussi, on a tout de suite su qu'on allait s'entendre. Mis à part le fait que je lui ai serré la main alors qu'Audrey lui a fait la bise le premier jour. Mais que voulez vous, je suis pas très chaleureuse avec les inconnus.
L'après midi, nous avons visité le musée de l'histoire, très enrichissant mais nous tombions de fatigue, surtout Myriam qui, je le rappelle, était arrivée de son vol de 10h au petit matin. Un peu de shopping l'après midi et en fin d'aprem, un spectacle traditionnel de toute beauté.
Le soir, retour à l'hôtel. Malgré toutes les belles choses qu'on avait vues dans la journée, nous étions impatientes de quitter la ville et de trouver le calme des steppes.
Le 7 août, on quitte enfin la capitale, avec un arrêt en route pour s'acheter de la bière (Vous allez croire qu'on a fait que boire ?). Une bière de 50cl coûte 2500 Tugrik, c'est à dire 1.42 €.
Émerveillées par la richesse et la variété des paysages, les couleurs, les animaux, la route nous a paru longue mais belle. Les 35 derniers kms furent nos premiers sur piste, et sous un bel orage. On a cru rester embourbés mais notre chauffeur, Ishgée, était vraiment compétent. En 2 semaines, pas une panne, pas d'accident, pas de problème d'aucune sorte.
Il pleuvait encore quand nous sommes arrivés sur place. Inké nous a regardées d'un air inquiet en nous disant : ''Il fait trop mauvais pour monter les tentes. Voulez vous dormir dans une yourte ?''. Et nous : ''Oh ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis !!!!!!!!!".
Nous voilà donc installés pour notre première nuit en yourte, avec l'apéro payé au chauffeur et au guide, puis un petit repas chaud et une tasse de thé.
La famille qui nous a loué la yourte nous a filé un thermos de thé au lait. Nous avons aussi appris plein de choses concernant le comportement à avoir en yourte :
D'abord, y rentrer avec le pied droit. Aller s'asseoir et à gauche de la yourte tout de suite (sinon, signe de méfiance des hôtes). Accepter de goûter tout ce qu'on vous donne (Petit conseil : Ne pas se demander ce que c'est, comment ça a été fait, et comment ça a été conservé). Si vous êtes l'hôte, servir les hommes en premier puis par âge décroissant. Ne jamais traverser l'espace entre les 2 poteaux oranges au centre de la yourte, ne rien mettre à brûler dans le foyer autre que du bois, ne pas siffler ni pointer du doigt et ne pas pointer les pieds vers le foyer. Si vous arrivez à retenir tout ça, ça se passera bien.
Après une nuit sous l'orage, le matin était sec mais nuageux. Nous sommes allées visiter les stupas et le monastère d'Amarbayasgalant. Un jeune moine de 14 ans nous a expliqué la signification des peintures sur les murs, des statues, et l'emploi du temps d'un moine.
Puis nous sommes parties car nous devions faire le maximum de route possible. C'est ce jour là que les routes étaient en meilleur état. La variété des paysages est flagrante. Moi ça me faisait penser à l'ouest du Canada et Audrey à la Savoie. La route a été longue, nous étions presque fatiguées et de mauvaise humeur, mais les paysages étaient tellement beaux qu'on se disait qu'on les avait bien mérités.
Le soir, une fois arrivées sur le site, nous avons planté les tentes entre un troupeau de vaches et de chevaux, avec la rivière en contrebas. Apéro, bien sûr, repas, thé et dodo. Au petit matin, j'ai été subjuguée par la beauté du paysage que je n'avais pas remarquée la veille (nous étions arrivées entre chien et loup). Petites blagues du genre "Je peux utiliser la salle de bain ?'' "Oui, je t'ai laissé un peu d'eau chaude'' histoire de nous mettre de bonne humeur dès le matin. J'avais prévenu le groupe qu'il ne fallait pas me parler le matin avant que le café ait fait effet. Alors Myriam, me voyant sortir de la tente, faisait le geste de se zipper la bouche et me faisait un signe de la main pour me dire bonjour. Et riait juste après. Ben figurez vous que quand on rit dès le matin, ça aide à passer une bonne journée. Une fois mon café ingéré, je disais bonjour et le monde pouvait me parler. La journée pouvait commencer.
C'était ce jour là notre plus dure journée, j'ai trouvé. 10 heures de route... Bon, des paysages magnifiques, un chameau, des yacks, ça nous a empêchées d'être de mauvaise humeur. (Moi je pense qu'ils faisaient exprès de nous montrer des trucs aussi beaux pour nous dire ''Vous voyez que ça vaut le coup d'en suer ?'') puis la ville de Moron où nous avons rejoint les 4 autres personnes, une famille de 3, Véro, Carla et Fred, et un jeune étudiant, Matthias. On les surnommait ''Les Autres", en essayant de s'attirer les faveurs de notre guide. Mais on s'est vite rendu compte qu'ils étaient très gentils tous les 4. Pourtant on a continué à les surnommer ainsi en prenant un ton et une posture théâtrale pour nous faire rire.
La route entre Moron et le camp de yourte n'était pas terrible. Faut dire qu'on avait déjà 5 heures de route derrière et qu'il nous en restait 5. Quand je demandais à Inké combien de temps de route il restait, elle me répondait en kilomètres, avec un petit sourire. Et je traduisais : ''Bon, 150 bornes, les filles, courage, ça nous fait 3 ou 4 heures.'' On a traversé un désert, des prairies et une forêt de pin glauque. On finissait par rire de tout et de rien tellement on en avait marre, et à l'arrivée au camp de yourte, nos ondes négatives ont disparu devant la beauté du site. Oui, encore une fois, on en avait vraiment chié mais c'était [à l'unanimité commune totale à 100% plus une voix] d'une beauté déconcertante.
Pas lavées dans une douche depuis 3 jours, nous avons sauté sur l'occasion d'une douche chaude et de vraies toilettes. Je vous raconte pas le pied qu'on a pris (séparément, bien sûr). Je ne pense pas avoir jamais autant apprécié une douche chaude. C'est fou comme on prend facilement des trucs pour acquis. ça doit être mon mode de vie occidental.
Fatiguées mais fraîches et heureuses, nous avons goûté au premier verre d'alcool de lait, l'Airag. Pas le droit de refuser, alors on a bu en essayant de cacher la grimace. Repas dans un chalet, on a pu faire connaissance avec Bata notre cuisinier et retrouver Batrr notre chauffeur du premier jour.
Après un bon gros dodo et chauffées au poêle au centre de la yourte, est arrivée la journée pour laquelle j'étais venue en Mongolie. Rando à cheval , on m'a donné un grand blanc obéissant. Chevaux semi sauvages, avec lesquels il ne faut pas faire de geste brusque, se changer en selle, prendre des trucs dans son sac etc. C'était une option, et Myriam voulait faire cette journée à pied car à 47 ans, elle n'était jamais montée à cheval. Voyant que nous étions tous sur nos montures, elle a décidé d'essayer. ça s'est très bien passé pour elle, elle avait le sourire à chaque fois que je la regardais.
Comme je vous l'ai dit, je manque de mots pour décrire la beauté de tout, et les émotions que j'ai ressenties pendant ce trip à cheval. Imaginez, un jour ensoleillé en Mongolie avec Audrey, ma cop's de 10 ans, et des gens gentils, tout le monde au grand galop dans des champs d’Edelweiss, en toute liberté (pas obligés de courir ou galoper en file indienne). Ze Foot !!!!! On galopait quand on voulait, il fallait juste dire ''Houtchou'' au cheval en lui donnant des petits coups de talons.
Celui d'Audrey était très gourmand, un gwan nwaw pas très obéissant. Hahaha. Les chevaux c'est comme les mecs, faut tenir les rennes courtes et leur montrer qui c'est le taulier !
Arrivés au lieu du campement, le groupe a monté la yourte qui avait été tractée en charrette par des yacks pendant notre rando. J'ai essayé de la monter mais j'ai fêlé un des rayons alors je suis allée m'asseoir à l'ombre en attendant que ça se fasse.
Après le repas, les gars sont partis pêcher, les filles sont remontées à cheval pour aller voir une famille de Tsatan chez qui on a bu du thé au lait, mangé du pain au levain, posé plein de questions, puis le père de la famille nous a montré le renne et son bébé.
Les Tsatans vivent en tipi. Au centre, comme dans les yourtes, il y a un foyer et la cheminée dépasse du toit.
Le lendemain, on a décampé, dernier galop dans les steppes et les champs d'edelweiss. J'étais un peu triste de quitter ma monture et de mettre fin à un autre rêve de petite fille. Parce qu'en fait, le cheval et moi, on n'a pas été amis tout de suite. Au Cranou chez mes grands parents, les premières balades se sont mal passées. Ma famille se moque encore de moi en en reparlant. Comme j'ai une sainte horreur qu'on se moque de moi, j'avais décidé de surmonter ces échecs cuisants en guise de revanche, et j'ai continué à faire du cheval. Au fil du temps, l'appréhension s'est transformée en hâte de monter en selle, et je peux vous dire que je n'étais pas peu fière d'avoir été sur des chevaux semi-sauvages dans les steppes Mongoles. Fin de la parenthèse.
De retour au camp, lessive et douche puis re-excursion : Nous sommes partis en bateau sur le lac pour aller rendre visite à une autre famille de nomades. On a goûté des trucs bizarres et du pain au levain. Au moment de partir, je me suis mise à l'écart et j'ai pris ma caméra pour filmer la biquette naine. Quand le petit garçon de la famille l'a vu, il a couru vers moi pour regarder. Je me suis alors rappelé le jour où, en Guyane, Papa avait laissé le fils de rebelles armés filmer avec son caméscope. J'ai ouvert l'écran de contrôle et je lui ai montré, je filmais sa grand mère et sa mère en lui disant les mots en français (déformation professionnelle). Sa petite sœur a accouru, elle voulait voir aussi. Un beau moment.
J'ai profondément somnolé au retour dans le bateau et suis allée au lit le soir. Après 2 jours à me peler les miches dans une tente, j'avais hâte de dormir dans un lit moelleux et chaud.
Le lendemain, nous avons rembarqué dans les vans et sommes partis pour 7 heures de jeep. Passage de cols, petites pistes escarpées (non ce n'est pas un pléonasme..), on a vu des paysages changeants mais tous aussi beaux. Peu avant midi, on a approché d'un pont devant lequel était planté un panneau qui ressemblait à une interdiction. Faut dire que le pont était dans un mauvais état. ça n'a pas empêché Ishgée, notre chauffeur, d'y passer les doigts dans le nez, presque les yeux fermés. Non, là j'exagère. Les filles et moi avons applaudi.
L'endroit où nous avons mangé le midi était magnifique (pour pas changer). Calés entre une rivière, un troupeau de yacks et un troupeau de chevaux, c'est sous le soleil que le repas a été pris.
La route a continué, encore et encore. A chaque exaspération de la longueur du trajet, une bouffée d'extase m'envahissait devant la beauté des lieux. (Je vous le dis, c'est calculé ! ) Le soir, nous avons posé le campement dans les montagnes. Le groupe a fait un feu, et après le repas, une belle soirée où on chantait des chansons de chez nous et de chez eux. Sur un site magnifique, évidemment.
Le lendemain nous avons repris la route pour aller nous poser au lac de TERKHIIN TSAGAAN. Un autre endroit de toute beauté (Il va me falloir des synonymes...) au flanc des montagnes.
C'est ce soir là que ''les autres'' sont devenus Fred, Véro, Carla et Matthias pour de vrai. Eh ben oui, que voulez vous, il me faut un temps d'adaptation avec les inconnus. C'était d'ailleurs l'anniversaire de mariage de Fred et Véro, que nous avons dignement fêté. Ils nous ont fourni des bouteilles de vodka Mongole. Moi qui ne bois jamais de vodka, j'ai goûté celle là. Ben je peux vous dire qu'au bout de 2 ou 3, on ne fait plus de chichis.
Imaginez : 3 mini vans (Ideree et Orso, le guide et chauffeur de l'autre groupe de français. Ils avaient l'air de s'ennuyer avec eux alors ils nous ont rejoints plusieurs soirs) paumés dans les montagnes coincés entre 5 tentes, de la dance et du hip hop Mongols, et une bande de joyeux lurons en train de danser de tout, dont une ridée (danse traditionnelle bretonne), la queue leu-leu autour du van en criant ''Chinggis Team'', Matthias qui danse sur la tête, et des slows pour les amoureux qui fêtaient leur anniversaire de mariage. Eh oui, un fest noz dans les steppes, ça déchire !!!!
Le lendemain matin, Ana avait un petit peu mal aux cheveux et de la moquette dans la bouche. Mais le dites pas à mes parents, hein ??? Gueule de bois ou syndrome encéphalo-rectal pour les scientifiques, bien évidemment jour idéal pour l'ascension du volcan de l'Horgo (vieux de 400 ans). Ce jour là, j'ai remercié Audrey qui m'avait forcée à acheter des chaussures de rando avant de partir. On a commencé soft, puis on a traversé un champ de roches volcaniques (j'en ai éraflé la semelle de mes chaussures tellement les roches étaient acérées). Quand j'ai cru que ça allait se calmer, nous avons commencé l'ascension du volcan. Dur dur. Mais au milieu du trajet, j'ai vu une Américaine obèse soutenue par 2 personnes qui redescendait. Alors soit elle avait été déposée en hélico directement en haut du volcan, soit elle avait fait l'ascension elle aussi. Penchant pour la deuxième solution, ça m'a redonné du courage et j'ai terminé la rando, pliée en 2 certes car le souffle coupé, mais fière d'y être arrivée.
C'était mon premier volcan. J'imaginais pas ça comme ça. Ben oui, mais les volcans en Bretagne, ça fait longtemps qu'il n'y en a plus. On ne voit ça que dans les films. Je vous avoue que c'est impressionnant. Et haut. Et grand. Et rocheux. Et faut le redescendre après. Mais pour la descente, mes jambes s'articulaient d'elles mêmes. Myriam totalement dans son élément (Elle fait des randos partout dans le monde), menait la marche d'un pas énergique. Le reste de l'équipe, que dis-je, de la Chinggis Team, traînait la patte loin derrière.
On a fait une pause pique nique sur le chemin du retour. Un homme à cheval qui en tractait un autre est venu se joindre à nous. Audrey lui a servi à manger (déformation professionnelle, bis).
Le retour pour Fred, Véro, Carla et moi s'est fait en van. Ben oui, la gueule de bois, ça disparaît pas au cours d'une rando. Non mais.
La soirée suivante a été calme au campement. Lessive, toilette etc. J'ai commencé à me changer dans la tente. Mais j'ai remarqué qu'un de nos matelas avait disparu. Pas du genre à me prendre la tête pour des broutilles, je n'y ai pas vraiment porté attention. Puis quand il a fallu que je prenne mes vêtements, j'ai remarqué que mon sac aussi avait disparu. ''Ah, ils m'ont fait une blague, ils ont planqué mes affaires'', ai-je pensé. Je suis sortie de la tente et j'ai vu que je n'étais pas dans la bonne Eh oui, il y avait 3 tentes, et j'ai réussi à me tromper. Toute gênée, je me suis excusée auprès de Fred et de Véro parce que j'étais entrée chez eux. ça les a fait plus rire qu'autre chose. Bon, après, je suis allée faire une sieste parce que j'en avais vraiment besoin...
Le lendemain matin, on a repris la route. Sur le chemin, on s'est arrêtés au bord d'un canyon, creusé par l'écoulement du volcan qu'on avait grimpé la veille. Mon premier canyon aussi :)
Nous avons ensuite retrouvé un paysage plus plat avec les steppes vertes, les yourtes, les bêtes. On s'est arrêtés chez une famille d'éleveurs de chevaux. Ils en avaient une bonne cinquantaine.
Dans une première yourte, ils nous ont fait boire de l'alcool de lait et manger du fromage à vous péter les dents.
Chez les voisins, même chose, et après plusieurs gorgées d'alcool, on commençait à être un peu détendus.
La dame me sert un bol entier d'alcool de lait. Je trempe les lèvres et le lui rends. Elle me le re-tend.
'' - Il faut pas refuser !, me dit Inké.
- Euh, oui mais là je vais être malade.
- Il faut goûter ! répète-elle.
Je retrempe mes lèvres dedans et avale une autre petite gorgée d'Airag. Je redonne le bol à la dame. Elle me regarde avec un sourire, fait un mouvement de tête pour me dire de le finir. Paniquée, je cherche du regard Inké pour l'appeler au secours. Elle discute avec d'autres membres de la famille et s'applique à ne pas croiser mon regard. Véro et Carla m'encouragent. Je me dis qu'au point où j'en suis... Je termine le bol en produisant un cri bestial qui passe heureusement inaperçu dans la conversation. Je suis fière de moi. Inké sort de sa conversation et nous dit ''Maintenant, le lait de jument fermenté''. Les visages se décomposent. Ragaillardie par la quantité d'alcool ingérée, je me porte seule volontaire pour goûter. Une nouvelle fois encouragée par mes voisins, j'avale une première gorgée. En fait, ça me fait penser à du lait Ribot en moins épais et plus fruité. Ouais, donc ça y ressemble pas du tout. Tout le monde me regarde, je ne peux pas flancher. J'avale le bol en entier, Audrey est fière de moi.
On est surtout pompettes, mais c'est pas de notre faute. On est à jeun et ils nous font boire de l'alcool malgré le soleil qui tape.
Puis la famille nous propose de nous montrer comment ils travaillent. Quel spectacle.. Ils montent en selle et font rentrer au galop la cinquantaine de chevaux dans un petit enclos. On a le droit d'approcher. Ils font monter le tout bébé sur un poulain puis sur un grand cheval. C'en est presque naturel pour lui. Véro et Carla montrent à la petite comment jouer à l'élastique.
En partant, la famille nous donne des fromages, solides comme des pierres. On plaisante entre français en essayant d'y trouver une utilité toute autre : Caler la caravane avec, créer une nouvelle position du Kama Sutra, raboter des planches de bois etc.
Puis nous quittons la famille pour aller manger. Pour digérer, un peu de Frisbee et une partie de foot, les filles et Ishgée contre les gars.
Puis on a repris la route. Nous savions tous que la fin de cette journée nous mènerait aux sources chaudes de Tsetserleg, et on avait très hâte d'y être. Notre pauvre guide a dû nous supporter pendant la visite d'un temple dont on se fichait pas mal (enfin, surtout moi, c'était le 3ème et je suis pas vraiment branchée sur la religion). En fait, on pensait tous à une douche chaude, après 4 jours de toilette de chat. Après un saut au supermarché pour acheter de la vod...euh...du breuvage local, nous sommes enfin arrivés au camp de yourte. Tout le monde s'est jeté sous la douche en poussant des cris inhumains. Non, je plaisante, on a juste beaucoup apprécié l'eau chaude. Le repas sous une très grande yourte (certains de nous ont trouvé cela un peu artificiel) a été terminé par un toast, enfin, plusieurs, en l'honneur de notre dernière soirée à Audrey et à moi. Eh oui, on quittait nos compagnons de voyage le lendemain pour rejoindre la capitale.
La Chinggis Team essayait de motiver ses troupes pour, après le repas, aller se baigner dans les sources à 40°c. Il faisait 10°c dehors max, j'avais une bonne crève et j'étais fatiguée. J'ai déclaré forfait.
Fred et Véro nous avaient précédemment initiées à ''La vague''. Le but est de boire un verre de Vodka, et le voisin de gauche doit boire la sienne avant que vous ayez reposé votre verre... on était une grande tablée...donc il a fallu un toast pour chacun, qu'Inké nous traduisait à chaque fois. Une fois bien réchauffée par le breuvage local, ma crève et ma fatigue n'étaient plus si gênants. En fait je me suis dit : ''Bon, je suis en Mongolie avec Audrey. Combien de fois ça m'arrivera dans la vie ? On est sur un site exceptionnel avec des gens qu'on ne reverra probablement jamais. Combien de fois ça m'arrivera encore ? J'ai la crève ? Oui, et ? Je serai encore malade demain de toutes façons''. J'ai donc changé d'avis, suis partie me mettre en maillot et j'ai sauté dans la piscine sans trop me poser de question. Tant pis pour ma crève. Tant pis pour mes cheveux. Au début, j'étais seule avec 7 beaux garçons et une bouteille de vodka. Je peux vous dire que j'ai apprécié ce moment, même s'il ne s'est rien passé. Ben oui, je ne suis pas ce genre de fille
Entre autres, Myriam, mémorable de par sa prestation. Elle imitait Audrey au travail, en se dandinant dans les bains et en proposant "Thé ? Café ? Vodka !", feignant de s'enfiler une rasade après le troisième choix, et nous en versant directement dans la bouche occasionnellement. Puis le fameux ''Ana, t'es pas cap'... ". Ben oui, mais bon. Faut pas me dire ça.
Devinez la suite... Me voilà donc avec le haut de mon bikini, le faisant tourner dans ma main et chantant ''Les Lorientais, sont comme les homards, ils ont tous des rubans rouges et noirs...'' Ne vous inquiétez pas, il faisait nuit (euh, c'était presque la pleine lune) et personne n'a rien vu, c'était juste pour le trip. Ne vois-je pas arriver Orso et Bata me proposant de m'aider à le remettre après mon spectacle affligeant. Mais non, j'ai poliment refusé.
Quand minuit a sonné, je suis allée voir Audrey. On était le 16 août, 5ème anniversaire de la mort d'Anna. Audrey m'avait promis qu'on en passerait un ensemble. Elle a tenu sa promesse, c'est un magnifique signe d'amitié. A vrai dire, c'était le but premier de ce voyage. Audrey et moi sommes scellées à vie toutes les 2. Un soir de presque pleine lune et par une nuit étoilée, dans un pays très loin du mien, avec mon amie Audrey, dans une eau naturellement à 40°, on a pensé à toi Anna. On a trinqué en prononçant ton nom. J'espère que tu nous a vues, Audrey et moi. Elle ne t'a pas connue mais elle sait combien ton départ me fait mal et combien ton absence me pousse à aller toujours plus loin.. A la tienne ma belle. ''Tülo'' comme ils disent ici.
Le lendemain, nous avons remballé nos affaires et sommes partis pour KHARKHORIN voir le temple d'Ederne Zuu. Je vous avoue que, quitte à me répéter, la religion et les constructions humaines, c'est pas mon truc. Alors le quatrième temple, aussi beau soit il, n'a pas été la meilleure de nos excursions. En fait, c'était le jour de notre retour à Ulaan Bator, et j'essayais de me faire à l'idée de quitter mes compagnons et la Mongolie. Alors un temple... Oui je sais, je suis une enfant gâtée, j'aurais dû apprécier ce site exceptionnel. Mais au fil de la vie, on se rend compte que les personnes sont toutes aussi importantes que la Terre. Et ce qui fait un bon souvenir, certes, c'est la beauté des choses, mais la bonté des gens aussi. On allait quitter Batrr, Bata, Matthias, Fred, Véro, Carla, Myriam et Inké. On a beau être dans un endroit qui nous fait tout remettre en question par sa beauté, les gens avec qui on est sont tout aussi importants. Alors oui, j'avais le cafard, et Audrey aussi, même si on ne se l'est pas avoué.
Après le repas de midi, nous avons dit au revoir à tout le monde, certains avaient les yeux humides. Myriam nous a fait un cadeau, en nous disant de ne l'ouvrir qu'une fois à l'hôtel, et en me demandant de lui promettre de boire une bière à sa santé le soir même.
La route du retour, 4 ou 5 heures avec notre chauffeur Ishgée, s'est faite quasi-silencieuse, parce qu'on avait le cœur gros. On voulait juste en finir rapidement.
Puis j'ai bu une bière à la santé de Myriam, mais elle a eu du mal à passer parce que j'avais un nœud dans la gorge. Audrey et moi avons de nouveau apprécié une douche chaude, puis sommes allées nous coucher pour une courte nuit de sommeil.
Le lendemain à 6 heures, un chauffeur est venu nous porter à l'aéroport, on a un peu stressé parce qu'il ne roulait pas vite et que l'horloge tournait. Finalement, on est arrivées à temps. Avant la sécurité, on a ouvert le cadeau de Myriam. C'était 2 cahiers de coloriage, avec une dédicace à l'intérieur. Sacrée Myriam :)
Une fois débarquées à Pékin, nos bagages ré-enregistrés, on pouvait se détendre. Audrey me poussait sur un chariot et moi, debout dessus, je faisais la reine d'Angleterre : Saluer les gens avec les doigts serrés, le sourire figé et hocher la tête. Très drôle. ça faisait sourire les gens qui nous voyaient. Et comme Audrey m'avait appris certains gestes des hôtesses, j'indiquais, toujours debout sur le chariot qu'Audrey poussait, les issues de sécurité dans l'avion. On dirait pas comme ça mais Audrey c'est une grosse décono. C'est elle qui m'a forcée à le faire
Batrr, Bata, Matthias, Fred, Véro, Carla, Myriam, Inké, Ishgée, Audrey : Merci d'avoir fait un merveilleux moment de ce voyage. Ce sont des jours qui resteront gravés sinon dans ma mémoire, dans mon cœur et dans mes tripes. Je ne sais pas si je vous reverrai un jour, mais je voulais que vous sachiez que ces instants sont très chers à mes yeux et même si je n'ai pas été très chaleureuse au début (les Bretons, que voulez vous, ils sont comme ça) j'ai vraiment aimé passer du temps avec vous.
Audrey et moi avons pris l'avion le 4 Août à Paris. Comme Audrey a pu me faire bénéficier de ses privilèges à un prix honteusement dérisoire, nous avons voyagé en classe Affaires. Etant 6 fois le prix d'un billet en classe Économique, le confort y est tout autre. Sièges inclinables presque à l'horizontale, vaisselle en porcelaine, nappe et serviette en tissu, champagne, boisson à volonté, écran de TV personnel, téléphone (payant). Bref, la classe ! Comme Audrey est PNC, elle est allée parler avec l'équipage pendant le vol. L'un des stewarts était originaire...du Gorvello (A 10 km de chez mon père). On a parlé d'Albertine, propriétaire du bar du village, et de Pascal Lino, un champion d'étapes Tour De France dans les année 1990 et copain à lui. Vous voyez, les Bretons se retrouvent partout. Une des hôtesses m'a montré le coin première classe (Un fauteuil qui se transforme en lit, ils vous donnent une couette et vous n'avez qu'à vous lover dans une alvéole..). Je devais voir le poste de pilotage mais il y a eu des turbulences et j'ai dû aller me rasseoir.
L'arrivée à Pékin a été un peu stressante, il a fallu sortir les bagages (arrivés en premier, ouf), les ré-enregistrer à un autre terminal à 15 minutes de bus de celui où on était arrivées, passer 3 ou 4 sécurités et arriver 10 minutes avant l'embarquement. Ouf... Mais on était tellement heureuses de presque toucher le rêve qu'on était de bonne humeur.
Arrivées à l'aéroport de Ulaan-Baator, une petite frayeur, ne voyant pas mon sac sur le tapis. En fait, il était tombé de l'autre côté du tapis. Une des filles de l'agence nous attendait avec son panneau Horseback.
Première différence : Le volant est à droite, la ceinture n'est obligatoire pour personne, ni le casque à moto. L'état des routes est lamentable, seulement 1500 kilomètres sont goudronnés sur les 50 000 kilomètres du réseau routier Mongol. Et quand on dit ''goudronné", c'est un bien grand mot. Le Québec se plaint de l'état de ses routes, qu'ils aillent donc juste à la sortie de la capitale, qu'on rigole un peu. Les véhicules sont obligés de rouler où ils peuvent pour éviter les nids de poule. Que dis-je, les nids de dinosaures. Quitte à se retrouver face à face et en sens contraire de la voie. Mais bon, on est venues pour voir des choses différentes, et ça nous faisait surtout rire.
La capitale est grande, sale, peuplée et triste. Sur 3 000 000 d'habitants dans tout le pays, un tiers vit à Ulan-Bator.
Une fois déposées à l'hôtel, nous sommes sorties pour aller acheter de l'eau et passer dire bonjour aux gens de l'agence. Pour traverser la route, on a trouvé le truc. On attend qu'un habitant traverse et on le suit. Sinon on se fait écraser. Ils conduisent comme des malades et se servent de leur klaxon en guise de clignotant. ça aussi, ça nous faisait rire.
De retour à l'hôtel, dodo jusqu'à tôt le lendemain matin.
Au petit dèj, nous a rejointes Myriam, une petite dame d'Albi de 47 ans avec une pêche d'enfer, fan de rando et grande voyageuse. Elle sortait à peine de l'avion et elle a passé la journée avec nous. Quand j'y repense, elle a plus la ouache que la plupart de mes copains trentenaires..
Notre guide, Inké (''Mon nom entier c'est Irh Baïrh mais appelez moi Inké"), jeune femme de 28 ans, et notre chauffeur, Batrr, nous ont fait passer notre premier jour dans la capitale. Au programme, le monastère de Gandantegchilen. Tourner les moulins à prières, des cylindres métalliques gravés, entrer dans le temple du pied droit, et sortir à reculons en signe de respect à la divinité. Le temple bouddhiste, une grande première pour l'impie que je suis.
Puis l'usine de cachemire, glauque et sordide. Les filles et moi pensons que c'est une ancienne prison soviétique, mais notre guide a soigneusement évité de répondre à la question.
Restau local le midi, Inké nous a appris à jouer aux osselets, cheval, mouton, chèvre et chameau. Repas avec du mouton, J'ai commandé ma première bière Mongole, au nom du conquérant. Myriam aussi, on a tout de suite su qu'on allait s'entendre. Mis à part le fait que je lui ai serré la main alors qu'Audrey lui a fait la bise le premier jour. Mais que voulez vous, je suis pas très chaleureuse avec les inconnus.
L'après midi, nous avons visité le musée de l'histoire, très enrichissant mais nous tombions de fatigue, surtout Myriam qui, je le rappelle, était arrivée de son vol de 10h au petit matin. Un peu de shopping l'après midi et en fin d'aprem, un spectacle traditionnel de toute beauté.
Le soir, retour à l'hôtel. Malgré toutes les belles choses qu'on avait vues dans la journée, nous étions impatientes de quitter la ville et de trouver le calme des steppes.
Le 7 août, on quitte enfin la capitale, avec un arrêt en route pour s'acheter de la bière (Vous allez croire qu'on a fait que boire ?). Une bière de 50cl coûte 2500 Tugrik, c'est à dire 1.42 €.
Émerveillées par la richesse et la variété des paysages, les couleurs, les animaux, la route nous a paru longue mais belle. Les 35 derniers kms furent nos premiers sur piste, et sous un bel orage. On a cru rester embourbés mais notre chauffeur, Ishgée, était vraiment compétent. En 2 semaines, pas une panne, pas d'accident, pas de problème d'aucune sorte.
Il pleuvait encore quand nous sommes arrivés sur place. Inké nous a regardées d'un air inquiet en nous disant : ''Il fait trop mauvais pour monter les tentes. Voulez vous dormir dans une yourte ?''. Et nous : ''Oh ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis !!!!!!!!!".
Nous voilà donc installés pour notre première nuit en yourte, avec l'apéro payé au chauffeur et au guide, puis un petit repas chaud et une tasse de thé.
La famille qui nous a loué la yourte nous a filé un thermos de thé au lait. Nous avons aussi appris plein de choses concernant le comportement à avoir en yourte :
D'abord, y rentrer avec le pied droit. Aller s'asseoir et à gauche de la yourte tout de suite (sinon, signe de méfiance des hôtes). Accepter de goûter tout ce qu'on vous donne (Petit conseil : Ne pas se demander ce que c'est, comment ça a été fait, et comment ça a été conservé). Si vous êtes l'hôte, servir les hommes en premier puis par âge décroissant. Ne jamais traverser l'espace entre les 2 poteaux oranges au centre de la yourte, ne rien mettre à brûler dans le foyer autre que du bois, ne pas siffler ni pointer du doigt et ne pas pointer les pieds vers le foyer. Si vous arrivez à retenir tout ça, ça se passera bien.
Après une nuit sous l'orage, le matin était sec mais nuageux. Nous sommes allées visiter les stupas et le monastère d'Amarbayasgalant. Un jeune moine de 14 ans nous a expliqué la signification des peintures sur les murs, des statues, et l'emploi du temps d'un moine.
Puis nous sommes parties car nous devions faire le maximum de route possible. C'est ce jour là que les routes étaient en meilleur état. La variété des paysages est flagrante. Moi ça me faisait penser à l'ouest du Canada et Audrey à la Savoie. La route a été longue, nous étions presque fatiguées et de mauvaise humeur, mais les paysages étaient tellement beaux qu'on se disait qu'on les avait bien mérités.
Le soir, une fois arrivées sur le site, nous avons planté les tentes entre un troupeau de vaches et de chevaux, avec la rivière en contrebas. Apéro, bien sûr, repas, thé et dodo. Au petit matin, j'ai été subjuguée par la beauté du paysage que je n'avais pas remarquée la veille (nous étions arrivées entre chien et loup). Petites blagues du genre "Je peux utiliser la salle de bain ?'' "Oui, je t'ai laissé un peu d'eau chaude'' histoire de nous mettre de bonne humeur dès le matin. J'avais prévenu le groupe qu'il ne fallait pas me parler le matin avant que le café ait fait effet. Alors Myriam, me voyant sortir de la tente, faisait le geste de se zipper la bouche et me faisait un signe de la main pour me dire bonjour. Et riait juste après. Ben figurez vous que quand on rit dès le matin, ça aide à passer une bonne journée. Une fois mon café ingéré, je disais bonjour et le monde pouvait me parler. La journée pouvait commencer.
C'était ce jour là notre plus dure journée, j'ai trouvé. 10 heures de route... Bon, des paysages magnifiques, un chameau, des yacks, ça nous a empêchées d'être de mauvaise humeur. (Moi je pense qu'ils faisaient exprès de nous montrer des trucs aussi beaux pour nous dire ''Vous voyez que ça vaut le coup d'en suer ?'') puis la ville de Moron où nous avons rejoint les 4 autres personnes, une famille de 3, Véro, Carla et Fred, et un jeune étudiant, Matthias. On les surnommait ''Les Autres", en essayant de s'attirer les faveurs de notre guide. Mais on s'est vite rendu compte qu'ils étaient très gentils tous les 4. Pourtant on a continué à les surnommer ainsi en prenant un ton et une posture théâtrale pour nous faire rire.
La route entre Moron et le camp de yourte n'était pas terrible. Faut dire qu'on avait déjà 5 heures de route derrière et qu'il nous en restait 5. Quand je demandais à Inké combien de temps de route il restait, elle me répondait en kilomètres, avec un petit sourire. Et je traduisais : ''Bon, 150 bornes, les filles, courage, ça nous fait 3 ou 4 heures.'' On a traversé un désert, des prairies et une forêt de pin glauque. On finissait par rire de tout et de rien tellement on en avait marre, et à l'arrivée au camp de yourte, nos ondes négatives ont disparu devant la beauté du site. Oui, encore une fois, on en avait vraiment chié mais c'était [à l'unanimité commune totale à 100% plus une voix] d'une beauté déconcertante.
Pas lavées dans une douche depuis 3 jours, nous avons sauté sur l'occasion d'une douche chaude et de vraies toilettes. Je vous raconte pas le pied qu'on a pris (séparément, bien sûr). Je ne pense pas avoir jamais autant apprécié une douche chaude. C'est fou comme on prend facilement des trucs pour acquis. ça doit être mon mode de vie occidental.
Fatiguées mais fraîches et heureuses, nous avons goûté au premier verre d'alcool de lait, l'Airag. Pas le droit de refuser, alors on a bu en essayant de cacher la grimace. Repas dans un chalet, on a pu faire connaissance avec Bata notre cuisinier et retrouver Batrr notre chauffeur du premier jour.
Après un bon gros dodo et chauffées au poêle au centre de la yourte, est arrivée la journée pour laquelle j'étais venue en Mongolie. Rando à cheval , on m'a donné un grand blanc obéissant. Chevaux semi sauvages, avec lesquels il ne faut pas faire de geste brusque, se changer en selle, prendre des trucs dans son sac etc. C'était une option, et Myriam voulait faire cette journée à pied car à 47 ans, elle n'était jamais montée à cheval. Voyant que nous étions tous sur nos montures, elle a décidé d'essayer. ça s'est très bien passé pour elle, elle avait le sourire à chaque fois que je la regardais.
Comme je vous l'ai dit, je manque de mots pour décrire la beauté de tout, et les émotions que j'ai ressenties pendant ce trip à cheval. Imaginez, un jour ensoleillé en Mongolie avec Audrey, ma cop's de 10 ans, et des gens gentils, tout le monde au grand galop dans des champs d’Edelweiss, en toute liberté (pas obligés de courir ou galoper en file indienne). Ze Foot !!!!! On galopait quand on voulait, il fallait juste dire ''Houtchou'' au cheval en lui donnant des petits coups de talons.
Celui d'Audrey était très gourmand, un gwan nwaw pas très obéissant. Hahaha. Les chevaux c'est comme les mecs, faut tenir les rennes courtes et leur montrer qui c'est le taulier !
Arrivés au lieu du campement, le groupe a monté la yourte qui avait été tractée en charrette par des yacks pendant notre rando. J'ai essayé de la monter mais j'ai fêlé un des rayons alors je suis allée m'asseoir à l'ombre en attendant que ça se fasse.
Après le repas, les gars sont partis pêcher, les filles sont remontées à cheval pour aller voir une famille de Tsatan chez qui on a bu du thé au lait, mangé du pain au levain, posé plein de questions, puis le père de la famille nous a montré le renne et son bébé.
Les Tsatans vivent en tipi. Au centre, comme dans les yourtes, il y a un foyer et la cheminée dépasse du toit.
Le lendemain, on a décampé, dernier galop dans les steppes et les champs d'edelweiss. J'étais un peu triste de quitter ma monture et de mettre fin à un autre rêve de petite fille. Parce qu'en fait, le cheval et moi, on n'a pas été amis tout de suite. Au Cranou chez mes grands parents, les premières balades se sont mal passées. Ma famille se moque encore de moi en en reparlant. Comme j'ai une sainte horreur qu'on se moque de moi, j'avais décidé de surmonter ces échecs cuisants en guise de revanche, et j'ai continué à faire du cheval. Au fil du temps, l'appréhension s'est transformée en hâte de monter en selle, et je peux vous dire que je n'étais pas peu fière d'avoir été sur des chevaux semi-sauvages dans les steppes Mongoles. Fin de la parenthèse.
De retour au camp, lessive et douche puis re-excursion : Nous sommes partis en bateau sur le lac pour aller rendre visite à une autre famille de nomades. On a goûté des trucs bizarres et du pain au levain. Au moment de partir, je me suis mise à l'écart et j'ai pris ma caméra pour filmer la biquette naine. Quand le petit garçon de la famille l'a vu, il a couru vers moi pour regarder. Je me suis alors rappelé le jour où, en Guyane, Papa avait laissé le fils de rebelles armés filmer avec son caméscope. J'ai ouvert l'écran de contrôle et je lui ai montré, je filmais sa grand mère et sa mère en lui disant les mots en français (déformation professionnelle). Sa petite sœur a accouru, elle voulait voir aussi. Un beau moment.
J'ai profondément somnolé au retour dans le bateau et suis allée au lit le soir. Après 2 jours à me peler les miches dans une tente, j'avais hâte de dormir dans un lit moelleux et chaud.
Le lendemain, nous avons rembarqué dans les vans et sommes partis pour 7 heures de jeep. Passage de cols, petites pistes escarpées (non ce n'est pas un pléonasme..), on a vu des paysages changeants mais tous aussi beaux. Peu avant midi, on a approché d'un pont devant lequel était planté un panneau qui ressemblait à une interdiction. Faut dire que le pont était dans un mauvais état. ça n'a pas empêché Ishgée, notre chauffeur, d'y passer les doigts dans le nez, presque les yeux fermés. Non, là j'exagère. Les filles et moi avons applaudi.
L'endroit où nous avons mangé le midi était magnifique (pour pas changer). Calés entre une rivière, un troupeau de yacks et un troupeau de chevaux, c'est sous le soleil que le repas a été pris.
La route a continué, encore et encore. A chaque exaspération de la longueur du trajet, une bouffée d'extase m'envahissait devant la beauté des lieux. (Je vous le dis, c'est calculé ! ) Le soir, nous avons posé le campement dans les montagnes. Le groupe a fait un feu, et après le repas, une belle soirée où on chantait des chansons de chez nous et de chez eux. Sur un site magnifique, évidemment.
Le lendemain nous avons repris la route pour aller nous poser au lac de TERKHIIN TSAGAAN. Un autre endroit de toute beauté (Il va me falloir des synonymes...) au flanc des montagnes.
C'est ce soir là que ''les autres'' sont devenus Fred, Véro, Carla et Matthias pour de vrai. Eh ben oui, que voulez vous, il me faut un temps d'adaptation avec les inconnus. C'était d'ailleurs l'anniversaire de mariage de Fred et Véro, que nous avons dignement fêté. Ils nous ont fourni des bouteilles de vodka Mongole. Moi qui ne bois jamais de vodka, j'ai goûté celle là. Ben je peux vous dire qu'au bout de 2 ou 3, on ne fait plus de chichis.
Imaginez : 3 mini vans (Ideree et Orso, le guide et chauffeur de l'autre groupe de français. Ils avaient l'air de s'ennuyer avec eux alors ils nous ont rejoints plusieurs soirs) paumés dans les montagnes coincés entre 5 tentes, de la dance et du hip hop Mongols, et une bande de joyeux lurons en train de danser de tout, dont une ridée (danse traditionnelle bretonne), la queue leu-leu autour du van en criant ''Chinggis Team'', Matthias qui danse sur la tête, et des slows pour les amoureux qui fêtaient leur anniversaire de mariage. Eh oui, un fest noz dans les steppes, ça déchire !!!!
Le lendemain matin, Ana avait un petit peu mal aux cheveux et de la moquette dans la bouche. Mais le dites pas à mes parents, hein ??? Gueule de bois ou syndrome encéphalo-rectal pour les scientifiques, bien évidemment jour idéal pour l'ascension du volcan de l'Horgo (vieux de 400 ans). Ce jour là, j'ai remercié Audrey qui m'avait forcée à acheter des chaussures de rando avant de partir. On a commencé soft, puis on a traversé un champ de roches volcaniques (j'en ai éraflé la semelle de mes chaussures tellement les roches étaient acérées). Quand j'ai cru que ça allait se calmer, nous avons commencé l'ascension du volcan. Dur dur. Mais au milieu du trajet, j'ai vu une Américaine obèse soutenue par 2 personnes qui redescendait. Alors soit elle avait été déposée en hélico directement en haut du volcan, soit elle avait fait l'ascension elle aussi. Penchant pour la deuxième solution, ça m'a redonné du courage et j'ai terminé la rando, pliée en 2 certes car le souffle coupé, mais fière d'y être arrivée.
C'était mon premier volcan. J'imaginais pas ça comme ça. Ben oui, mais les volcans en Bretagne, ça fait longtemps qu'il n'y en a plus. On ne voit ça que dans les films. Je vous avoue que c'est impressionnant. Et haut. Et grand. Et rocheux. Et faut le redescendre après. Mais pour la descente, mes jambes s'articulaient d'elles mêmes. Myriam totalement dans son élément (Elle fait des randos partout dans le monde), menait la marche d'un pas énergique. Le reste de l'équipe, que dis-je, de la Chinggis Team, traînait la patte loin derrière.
On a fait une pause pique nique sur le chemin du retour. Un homme à cheval qui en tractait un autre est venu se joindre à nous. Audrey lui a servi à manger (déformation professionnelle, bis).
Le retour pour Fred, Véro, Carla et moi s'est fait en van. Ben oui, la gueule de bois, ça disparaît pas au cours d'une rando. Non mais.
La soirée suivante a été calme au campement. Lessive, toilette etc. J'ai commencé à me changer dans la tente. Mais j'ai remarqué qu'un de nos matelas avait disparu. Pas du genre à me prendre la tête pour des broutilles, je n'y ai pas vraiment porté attention. Puis quand il a fallu que je prenne mes vêtements, j'ai remarqué que mon sac aussi avait disparu. ''Ah, ils m'ont fait une blague, ils ont planqué mes affaires'', ai-je pensé. Je suis sortie de la tente et j'ai vu que je n'étais pas dans la bonne Eh oui, il y avait 3 tentes, et j'ai réussi à me tromper. Toute gênée, je me suis excusée auprès de Fred et de Véro parce que j'étais entrée chez eux. ça les a fait plus rire qu'autre chose. Bon, après, je suis allée faire une sieste parce que j'en avais vraiment besoin...
Le lendemain matin, on a repris la route. Sur le chemin, on s'est arrêtés au bord d'un canyon, creusé par l'écoulement du volcan qu'on avait grimpé la veille. Mon premier canyon aussi :)
Nous avons ensuite retrouvé un paysage plus plat avec les steppes vertes, les yourtes, les bêtes. On s'est arrêtés chez une famille d'éleveurs de chevaux. Ils en avaient une bonne cinquantaine.
Dans une première yourte, ils nous ont fait boire de l'alcool de lait et manger du fromage à vous péter les dents.
Chez les voisins, même chose, et après plusieurs gorgées d'alcool, on commençait à être un peu détendus.
La dame me sert un bol entier d'alcool de lait. Je trempe les lèvres et le lui rends. Elle me le re-tend.
'' - Il faut pas refuser !, me dit Inké.
- Euh, oui mais là je vais être malade.
- Il faut goûter ! répète-elle.
Je retrempe mes lèvres dedans et avale une autre petite gorgée d'Airag. Je redonne le bol à la dame. Elle me regarde avec un sourire, fait un mouvement de tête pour me dire de le finir. Paniquée, je cherche du regard Inké pour l'appeler au secours. Elle discute avec d'autres membres de la famille et s'applique à ne pas croiser mon regard. Véro et Carla m'encouragent. Je me dis qu'au point où j'en suis... Je termine le bol en produisant un cri bestial qui passe heureusement inaperçu dans la conversation. Je suis fière de moi. Inké sort de sa conversation et nous dit ''Maintenant, le lait de jument fermenté''. Les visages se décomposent. Ragaillardie par la quantité d'alcool ingérée, je me porte seule volontaire pour goûter. Une nouvelle fois encouragée par mes voisins, j'avale une première gorgée. En fait, ça me fait penser à du lait Ribot en moins épais et plus fruité. Ouais, donc ça y ressemble pas du tout. Tout le monde me regarde, je ne peux pas flancher. J'avale le bol en entier, Audrey est fière de moi.
On est surtout pompettes, mais c'est pas de notre faute. On est à jeun et ils nous font boire de l'alcool malgré le soleil qui tape.
Puis la famille nous propose de nous montrer comment ils travaillent. Quel spectacle.. Ils montent en selle et font rentrer au galop la cinquantaine de chevaux dans un petit enclos. On a le droit d'approcher. Ils font monter le tout bébé sur un poulain puis sur un grand cheval. C'en est presque naturel pour lui. Véro et Carla montrent à la petite comment jouer à l'élastique.
En partant, la famille nous donne des fromages, solides comme des pierres. On plaisante entre français en essayant d'y trouver une utilité toute autre : Caler la caravane avec, créer une nouvelle position du Kama Sutra, raboter des planches de bois etc.
Puis nous quittons la famille pour aller manger. Pour digérer, un peu de Frisbee et une partie de foot, les filles et Ishgée contre les gars.
Puis on a repris la route. Nous savions tous que la fin de cette journée nous mènerait aux sources chaudes de Tsetserleg, et on avait très hâte d'y être. Notre pauvre guide a dû nous supporter pendant la visite d'un temple dont on se fichait pas mal (enfin, surtout moi, c'était le 3ème et je suis pas vraiment branchée sur la religion). En fait, on pensait tous à une douche chaude, après 4 jours de toilette de chat. Après un saut au supermarché pour acheter de la vod...euh...du breuvage local, nous sommes enfin arrivés au camp de yourte. Tout le monde s'est jeté sous la douche en poussant des cris inhumains. Non, je plaisante, on a juste beaucoup apprécié l'eau chaude. Le repas sous une très grande yourte (certains de nous ont trouvé cela un peu artificiel) a été terminé par un toast, enfin, plusieurs, en l'honneur de notre dernière soirée à Audrey et à moi. Eh oui, on quittait nos compagnons de voyage le lendemain pour rejoindre la capitale.
La Chinggis Team essayait de motiver ses troupes pour, après le repas, aller se baigner dans les sources à 40°c. Il faisait 10°c dehors max, j'avais une bonne crève et j'étais fatiguée. J'ai déclaré forfait.
Fred et Véro nous avaient précédemment initiées à ''La vague''. Le but est de boire un verre de Vodka, et le voisin de gauche doit boire la sienne avant que vous ayez reposé votre verre... on était une grande tablée...donc il a fallu un toast pour chacun, qu'Inké nous traduisait à chaque fois. Une fois bien réchauffée par le breuvage local, ma crève et ma fatigue n'étaient plus si gênants. En fait je me suis dit : ''Bon, je suis en Mongolie avec Audrey. Combien de fois ça m'arrivera dans la vie ? On est sur un site exceptionnel avec des gens qu'on ne reverra probablement jamais. Combien de fois ça m'arrivera encore ? J'ai la crève ? Oui, et ? Je serai encore malade demain de toutes façons''. J'ai donc changé d'avis, suis partie me mettre en maillot et j'ai sauté dans la piscine sans trop me poser de question. Tant pis pour ma crève. Tant pis pour mes cheveux. Au début, j'étais seule avec 7 beaux garçons et une bouteille de vodka. Je peux vous dire que j'ai apprécié ce moment, même s'il ne s'est rien passé. Ben oui, je ne suis pas ce genre de fille
Entre autres, Myriam, mémorable de par sa prestation. Elle imitait Audrey au travail, en se dandinant dans les bains et en proposant "Thé ? Café ? Vodka !", feignant de s'enfiler une rasade après le troisième choix, et nous en versant directement dans la bouche occasionnellement. Puis le fameux ''Ana, t'es pas cap'... ". Ben oui, mais bon. Faut pas me dire ça.
Devinez la suite... Me voilà donc avec le haut de mon bikini, le faisant tourner dans ma main et chantant ''Les Lorientais, sont comme les homards, ils ont tous des rubans rouges et noirs...'' Ne vous inquiétez pas, il faisait nuit (euh, c'était presque la pleine lune) et personne n'a rien vu, c'était juste pour le trip. Ne vois-je pas arriver Orso et Bata me proposant de m'aider à le remettre après mon spectacle affligeant. Mais non, j'ai poliment refusé.
Quand minuit a sonné, je suis allée voir Audrey. On était le 16 août, 5ème anniversaire de la mort d'Anna. Audrey m'avait promis qu'on en passerait un ensemble. Elle a tenu sa promesse, c'est un magnifique signe d'amitié. A vrai dire, c'était le but premier de ce voyage. Audrey et moi sommes scellées à vie toutes les 2. Un soir de presque pleine lune et par une nuit étoilée, dans un pays très loin du mien, avec mon amie Audrey, dans une eau naturellement à 40°, on a pensé à toi Anna. On a trinqué en prononçant ton nom. J'espère que tu nous a vues, Audrey et moi. Elle ne t'a pas connue mais elle sait combien ton départ me fait mal et combien ton absence me pousse à aller toujours plus loin.. A la tienne ma belle. ''Tülo'' comme ils disent ici.
Le lendemain, nous avons remballé nos affaires et sommes partis pour KHARKHORIN voir le temple d'Ederne Zuu. Je vous avoue que, quitte à me répéter, la religion et les constructions humaines, c'est pas mon truc. Alors le quatrième temple, aussi beau soit il, n'a pas été la meilleure de nos excursions. En fait, c'était le jour de notre retour à Ulaan Bator, et j'essayais de me faire à l'idée de quitter mes compagnons et la Mongolie. Alors un temple... Oui je sais, je suis une enfant gâtée, j'aurais dû apprécier ce site exceptionnel. Mais au fil de la vie, on se rend compte que les personnes sont toutes aussi importantes que la Terre. Et ce qui fait un bon souvenir, certes, c'est la beauté des choses, mais la bonté des gens aussi. On allait quitter Batrr, Bata, Matthias, Fred, Véro, Carla, Myriam et Inké. On a beau être dans un endroit qui nous fait tout remettre en question par sa beauté, les gens avec qui on est sont tout aussi importants. Alors oui, j'avais le cafard, et Audrey aussi, même si on ne se l'est pas avoué.
Après le repas de midi, nous avons dit au revoir à tout le monde, certains avaient les yeux humides. Myriam nous a fait un cadeau, en nous disant de ne l'ouvrir qu'une fois à l'hôtel, et en me demandant de lui promettre de boire une bière à sa santé le soir même.
La route du retour, 4 ou 5 heures avec notre chauffeur Ishgée, s'est faite quasi-silencieuse, parce qu'on avait le cœur gros. On voulait juste en finir rapidement.
Puis j'ai bu une bière à la santé de Myriam, mais elle a eu du mal à passer parce que j'avais un nœud dans la gorge. Audrey et moi avons de nouveau apprécié une douche chaude, puis sommes allées nous coucher pour une courte nuit de sommeil.
Le lendemain à 6 heures, un chauffeur est venu nous porter à l'aéroport, on a un peu stressé parce qu'il ne roulait pas vite et que l'horloge tournait. Finalement, on est arrivées à temps. Avant la sécurité, on a ouvert le cadeau de Myriam. C'était 2 cahiers de coloriage, avec une dédicace à l'intérieur. Sacrée Myriam :)
Une fois débarquées à Pékin, nos bagages ré-enregistrés, on pouvait se détendre. Audrey me poussait sur un chariot et moi, debout dessus, je faisais la reine d'Angleterre : Saluer les gens avec les doigts serrés, le sourire figé et hocher la tête. Très drôle. ça faisait sourire les gens qui nous voyaient. Et comme Audrey m'avait appris certains gestes des hôtesses, j'indiquais, toujours debout sur le chariot qu'Audrey poussait, les issues de sécurité dans l'avion. On dirait pas comme ça mais Audrey c'est une grosse décono. C'est elle qui m'a forcée à le faire
Batrr, Bata, Matthias, Fred, Véro, Carla, Myriam, Inké, Ishgée, Audrey : Merci d'avoir fait un merveilleux moment de ce voyage. Ce sont des jours qui resteront gravés sinon dans ma mémoire, dans mon cœur et dans mes tripes. Je ne sais pas si je vous reverrai un jour, mais je voulais que vous sachiez que ces instants sont très chers à mes yeux et même si je n'ai pas été très chaleureuse au début (les Bretons, que voulez vous, ils sont comme ça) j'ai vraiment aimé passer du temps avec vous.