Les Thénardier, ou comment des inconnus m'ont sortie d'un guêpier
En septembre 2006, j'ai été acceptée à l'IUT de Toulon. Avant de partir, ma mère m'avait donné le numéro d'amis à elle qui étaient en vacances dans ce coin là à la même période. J'avais refusé de les appeler parce que je ne les connaissais pas.
'' - Tu crois peut être que je vais débarquer chez eux comme ça alors qu'on ne s'est jamais vus ?
- T'as tort, ils sont adorables.''
Une fois sur place, vainquant ma timidité, je les ai appelés quand même. S'ils étaient des amis à Maman, c'est que ça devait être des gens bien.
On avait convenu de se voir 2 jours après, quelques heures comme ça.
Pour faire court, même très court, la situation de la personne qui devait m'héberger a changé le 2ème jour. Je me retrouvais donc sans toit dans une grande ville que je ne connaissais pas. (L'aventurière que je suis n'était pas encore née..) J'ai rappelé les amis de ma mère, leur expliquant la situation, et leur demandant toute gênée s'ils pouvaient m'héberger. Je n'aime pas demander de l'aide, je suis plutôt du genre à essayer de déplacer une armoire toute seule, et à appeler au secours une fois seulement qu'elle m'est tombée dessus.
Figurez vous qu'ils ont accepté, sans me connaître.
Après un tour à moto avec mon gros sac de voyage en haut du Mont Caume, la personne qui devait m'héberger s'est sincèrement excusée de la situation et m'a déposée à l'embarcadère de Saint Mandrier. A l'autre bout de la presqu'île, m'attendaient les Thénardier. Je m'attendais à voir un grand barbu et une petite dame. En fait, c'était l'inverse (sauf que la femme n'était pas barbue...) A peine descendue du ponton Président, j'ai vu un petit monsieur en bermuda et polo et une grande dame toute élégante marcher vers moi. ça y est, j'étais tirée d'affaires.
Alors, les Thénardier ne s'appellent pas vraiment Thénardier. C'est juste l'extrême inverse du méchant couple dans le roman de Victor Hugo. Ils m'ont dorlotée / pourrie gâtée pendant 3 semaines, m'emmenant avec eux partout où ils allaient, dont sur le voilier de leurs amis. J'ai rencontré 3 familles différentes. Je les soupçonne d'ailleurs d'avoir essayé de me refourguer à l'une d'entre elle avec qui je m'entendais très bien. Non, j'étais bien avec les Thénardier et je voulais rester avec eux.
Un matin, monsieur Thénardier me dit :
- Bon, tu as le choix pour aujourd'hui. 1) La plage naturiste 2) Le musée 3) Faire toute la côte d'azur avec nous.
Ils savaient déjà que je n'aimais ni 1) ni 2), et m'ont fait visiter la côte d'azur de St Tropez aux calanques de Cassis, en passant par Port Grimaud, Borme-les-Mimosas, et tous les beaux coins à voir.
La galère s'est transformée en superbes vacances avec mes nouveaux Tonton et Tata Thénardier.
Non contents de m'avoir plus qu'aidée, ils m'ont aussi invitée quelques mois plus tard à Paris dans leur demeure, se mettant entièrement à ma disposition pendant quelques jours. Je me souviens de leur tête quand ils m'ont demandé ce que je voulais voir dans la capitale et que j'ai répondu ''Surtout le cimetière du Père Lachaise et la tombe de Jim Morrisson''. Bon, ils m'ont aussi emmenée à la Tour Eiffel, Montmartre, Pigalle, manger chez leur fils, les Champs Elysées etc.
Traitée en princesse quoi.
Vous trouverez ci dessous un courriel dudit Thénardier, frémissant à l'idée que ses méfaits puissent être mentionnés dans ce blog.
'' Salut Causette,
J’ai vu avec inquiétude que tu avais l’intention de parler de tes démêlés avec les Thénardier lors de la rédaction de tes prochaines réflexions sur la condition humaine. J’espère qu’il ne s’agit pas de nous car je ne voudrais pas que tu entres dans une voie dangereuse, celle de la gratitude.
Je te signale que ce fut un vrai calvaire pour Danielle, et surtout pour moi, de te voir à St Mandrier. Nous étions tranquilles comme des bons petits retraités confits dans leur égoïsme naturel et tu es venue bouleverser notre quiétude. A cause de toi, nous n’avons même pas pu aller à la plage naturiste.
Même si nous t’avons assez vue pendant 3 semaines, nous t’accepterions encore (nous sommes vraiment maso) si l‘envie te prenait de nous rendre visite. Nous nous débrouillerions toujours pour te faire une petite place entre 2 classeurs de photos de bateaux et la niche d’Alcyon. Et je ferai même l’effort de te conduire à nouveau au cimetière du Père Lachaise, pour te recueillir sur la tombe de Johnny Halliday ou à celui de Montparnasse sur celle de J. Paul Sartre.
Mais je ne voudrais pas que tu fasses une publicité mensongère sur notre supposé sens de l’accueil. Cela pourrait créer des vocations et, en dehors de toi, nous ne souhaitons pas voir quelqu’un d’autre.
Donc, pour résumer, si tu parles des Thénardier, n’aborde que les aspects négatifs de ton séjour : nous t’obligions à coucher dans un petit recoin sordide, tu avais pour toute nourriture des biscuits pour chien, nous t’imposions la fréquentation de C. M. (prof d’histoire) et des J. C. B (photographe).
[...]
Je te surveille, donc attention à ce que tu vas dire. En cas de désaccord, je n’hésiterai pas à aller devant des tribunaux.
Gros bisous au bénéfice de la présomption d’innocence.
Les Thénardier ''
Leur réaction après la publication de ce texte :
''Tu as fait exactement ce que je redoutais !! Dire du bien des Thénardier. Et ce que je craignais est arrivé. Nous avons reçu depuis hier 78 messages de personnes plus ou moins bien intentionnées, se réclamant de toi, et demandant de passer nous voir QUELQUES jours.
Étant de nature hospitalière (hum !), je vais faire un tri sérieux parmi les postulants, un peu comme un propriétaire qui devrait choisir entre 250 locataires qui rêvent tous d’emménager dans une pièce de 6 m2 sous les combles, au 8ème étage sans ascenseur, avec les WC au bout du couloir, pour un loyer imbattable de 700 euros (hors charges).
Je ne te fais pas de bises car je suis très mécontent mais je te tiendrai néanmoins au courant des résultats.
THENARDIER''
'' - Tu crois peut être que je vais débarquer chez eux comme ça alors qu'on ne s'est jamais vus ?
- T'as tort, ils sont adorables.''
Une fois sur place, vainquant ma timidité, je les ai appelés quand même. S'ils étaient des amis à Maman, c'est que ça devait être des gens bien.
On avait convenu de se voir 2 jours après, quelques heures comme ça.
Pour faire court, même très court, la situation de la personne qui devait m'héberger a changé le 2ème jour. Je me retrouvais donc sans toit dans une grande ville que je ne connaissais pas. (L'aventurière que je suis n'était pas encore née..) J'ai rappelé les amis de ma mère, leur expliquant la situation, et leur demandant toute gênée s'ils pouvaient m'héberger. Je n'aime pas demander de l'aide, je suis plutôt du genre à essayer de déplacer une armoire toute seule, et à appeler au secours une fois seulement qu'elle m'est tombée dessus.
Figurez vous qu'ils ont accepté, sans me connaître.
Après un tour à moto avec mon gros sac de voyage en haut du Mont Caume, la personne qui devait m'héberger s'est sincèrement excusée de la situation et m'a déposée à l'embarcadère de Saint Mandrier. A l'autre bout de la presqu'île, m'attendaient les Thénardier. Je m'attendais à voir un grand barbu et une petite dame. En fait, c'était l'inverse (sauf que la femme n'était pas barbue...) A peine descendue du ponton Président, j'ai vu un petit monsieur en bermuda et polo et une grande dame toute élégante marcher vers moi. ça y est, j'étais tirée d'affaires.
Alors, les Thénardier ne s'appellent pas vraiment Thénardier. C'est juste l'extrême inverse du méchant couple dans le roman de Victor Hugo. Ils m'ont dorlotée / pourrie gâtée pendant 3 semaines, m'emmenant avec eux partout où ils allaient, dont sur le voilier de leurs amis. J'ai rencontré 3 familles différentes. Je les soupçonne d'ailleurs d'avoir essayé de me refourguer à l'une d'entre elle avec qui je m'entendais très bien. Non, j'étais bien avec les Thénardier et je voulais rester avec eux.
Un matin, monsieur Thénardier me dit :
- Bon, tu as le choix pour aujourd'hui. 1) La plage naturiste 2) Le musée 3) Faire toute la côte d'azur avec nous.
Ils savaient déjà que je n'aimais ni 1) ni 2), et m'ont fait visiter la côte d'azur de St Tropez aux calanques de Cassis, en passant par Port Grimaud, Borme-les-Mimosas, et tous les beaux coins à voir.
La galère s'est transformée en superbes vacances avec mes nouveaux Tonton et Tata Thénardier.
Non contents de m'avoir plus qu'aidée, ils m'ont aussi invitée quelques mois plus tard à Paris dans leur demeure, se mettant entièrement à ma disposition pendant quelques jours. Je me souviens de leur tête quand ils m'ont demandé ce que je voulais voir dans la capitale et que j'ai répondu ''Surtout le cimetière du Père Lachaise et la tombe de Jim Morrisson''. Bon, ils m'ont aussi emmenée à la Tour Eiffel, Montmartre, Pigalle, manger chez leur fils, les Champs Elysées etc.
Traitée en princesse quoi.
Vous trouverez ci dessous un courriel dudit Thénardier, frémissant à l'idée que ses méfaits puissent être mentionnés dans ce blog.
'' Salut Causette,
J’ai vu avec inquiétude que tu avais l’intention de parler de tes démêlés avec les Thénardier lors de la rédaction de tes prochaines réflexions sur la condition humaine. J’espère qu’il ne s’agit pas de nous car je ne voudrais pas que tu entres dans une voie dangereuse, celle de la gratitude.
Je te signale que ce fut un vrai calvaire pour Danielle, et surtout pour moi, de te voir à St Mandrier. Nous étions tranquilles comme des bons petits retraités confits dans leur égoïsme naturel et tu es venue bouleverser notre quiétude. A cause de toi, nous n’avons même pas pu aller à la plage naturiste.
Même si nous t’avons assez vue pendant 3 semaines, nous t’accepterions encore (nous sommes vraiment maso) si l‘envie te prenait de nous rendre visite. Nous nous débrouillerions toujours pour te faire une petite place entre 2 classeurs de photos de bateaux et la niche d’Alcyon. Et je ferai même l’effort de te conduire à nouveau au cimetière du Père Lachaise, pour te recueillir sur la tombe de Johnny Halliday ou à celui de Montparnasse sur celle de J. Paul Sartre.
Mais je ne voudrais pas que tu fasses une publicité mensongère sur notre supposé sens de l’accueil. Cela pourrait créer des vocations et, en dehors de toi, nous ne souhaitons pas voir quelqu’un d’autre.
Donc, pour résumer, si tu parles des Thénardier, n’aborde que les aspects négatifs de ton séjour : nous t’obligions à coucher dans un petit recoin sordide, tu avais pour toute nourriture des biscuits pour chien, nous t’imposions la fréquentation de C. M. (prof d’histoire) et des J. C. B (photographe).
[...]
Je te surveille, donc attention à ce que tu vas dire. En cas de désaccord, je n’hésiterai pas à aller devant des tribunaux.
Gros bisous au bénéfice de la présomption d’innocence.
Les Thénardier ''
Leur réaction après la publication de ce texte :
''Tu as fait exactement ce que je redoutais !! Dire du bien des Thénardier. Et ce que je craignais est arrivé. Nous avons reçu depuis hier 78 messages de personnes plus ou moins bien intentionnées, se réclamant de toi, et demandant de passer nous voir QUELQUES jours.
Étant de nature hospitalière (hum !), je vais faire un tri sérieux parmi les postulants, un peu comme un propriétaire qui devrait choisir entre 250 locataires qui rêvent tous d’emménager dans une pièce de 6 m2 sous les combles, au 8ème étage sans ascenseur, avec les WC au bout du couloir, pour un loyer imbattable de 700 euros (hors charges).
Je ne te fais pas de bises car je suis très mécontent mais je te tiendrai néanmoins au courant des résultats.
THENARDIER''