Lundi 2 juin : Ottawa-Vancouver
Le voyage se passe bien. Dans le deuxième avion, Keith et moi parlons. C'est un gars qui travaille à Timmins, dont le médecin est à Edmonton et qui vit à Vancouver. Cherchez l'erreur. On débarque ensemble, il m'offre une cigarette en attendant les bagages. Je la refuse bien entendu. Il sent fort l'alcool et finit par me montrer une bouteille de Bacardi qu'il a bue en cachette dans l'avion. On ramasse nos sacs, puis on prend le Skytrain ensemble. Il est très gentil mais je ne sais pas si c'est de la drague ou de la gentillesse, alors je reste distante. Il descend à son arrêt en me disant que j'aurais pu l'inviter à déjeuner. J'affiche un sourire gêné et lui souhaite bon courage pour sa chirurgie du genou.
En sortant à ma station, un homme me voit regarder partout. Avec mon plan de Vancouver et mon grand sac à dos, je ne suis pas très discrète. Il me demande où je veux aller et m'indique la bonne sortie. Bienvenue !
J'arrive à l'auberge de jeunesse. Je pousse une vieille et lourde porte en bois et je gravis quelques marches. J'arrive au ''bureau'' de la réception. Le gérant ressemble à un hippie qui serait né à la mauvaise époque. Il est aimable avec moi mais pas avec une asiatique qui passe. Il me donne une clé, des draps et un rouleau de P.Q., en entrecoupant sa description du fonctionnement de l'auberge par des phrases pas très agréables à l'asiatique qui semble l'ignorer. ''They are here because they can't find a husband''. Je souris. Il me donne le choix entre 2 chambres. Une avec 8 ''hoarders'', dont la traduction française d' ''accumulateurs'' n'est vraiment pas assez intense, ou 3 normales. Je choisis les 3 normales. En arrivant dans la chambre, j'écarquille les yeux. Même la chambre de mon grand frère pendant son adolescence semblait rangée et propre à côté de celle-ci. Je salue l'asiatique, qui, comble de chance, dort dans la même chambre que moi. ''I leave you alone'', répond-t-elle dans un ton de colère. Va chier, connasse. Je fais mon lit, dépose mon sac sur mon lit comme s'il pouvait être épargné par la saleté du dortoir, puis je sors. Je pense que je ne resterai ici que pour dormir.
Je sors le plan une nouvelle fois et vais me boire une bonne bière fraîche au Cambie, recommandé par une étudiante.
Après ça, mon premier réflexe est d'aller directement au port. Quel soulagement de revoir la mer, de sentir l'iode et d'entendre le bruit des bateaux et de l'eau. Je pars ensuite me promener dans les différents quartiers. Le vieux Gastown, qui ressemble à une place de village en Provence mélangeant les édifices aux architectures variées, les quartiers d'habitation avec les tours de verre, les édifices avec les arbres qui poussent au sommet. Je descends ensuite la rue Granville vers le sud pour continuer ma découverte.
De retour à l'auberge, Timothy me fait signe de le rejoindre dans le salon commun. On fait connaissance. C'est un gars d'ici dont la copine vit en Allemagne, qu'il a dû quitter car son visa était expiré. Depuis novembre à l'auberge, il vient de trouver un boulot de paysagiste. A côté de lui, Richard s'allume un joint. Peu volubile, il me dit juste qu'il vient de Hamilton en Ontario. Je fais connaissance avec quelques autres personnes dans la pièce à côté puis je vais me coucher. Je suis quand même debout depuis 5h du matin ! Plus tard, je suis réveillée par mes colocs de chambre qui crient. Oui, à cause de la mauvaise hygiène, il y a des cafards dans la chambre. Au vu du tampax usagé à terre, elles ne s'attendaient tout de même pas à des flamands roses !
Mardi 3 juin : Vancouver
J'ouvre les yeux à 6h45. C'est parti pour une rando, au Lynn Canyon, recommandé par d'autres amis pour qui le pont de Capilano est un piège à touristes. Un petit dèj au Tim Horton's, où 7 flics dont un à moto confirment le stéréotype de l'intime relation entre les beignets et les policiers.
J'embarque donc dans le ''seabus'' comme ils l'appellent ici. Ça me rappelle mes semaines à Toulon, quand je prenais le ferry pour aller de St Mandrier à la fac. Le guide me donne un plan avec plusieurs sentiers. Je décide de tous les faire, je suis là pour explorer et il est tôt ! Trop tôt pour les touristes et les moustiques, mais parfait pour les marcheurs et les dames qui promènent leurs chiens. Je franchis le pont suspendu, très impressionnant. Il s'élève au trois quarts des arbres qui eux sont immenses. Je dois me tordre le cou pour en voir la cime. Puis je descends, attirée par le bruit de l'eau. La rivière est jaune, blanche, bleue, verte selon la profondeur et son mouvement. Il y a même un bassin très profond où il est interdit d'aller. J'imagine, vu le courant...
En parcourant un sentier, j'entends frapper sur du bois, mais aucune voix humaine. Je m'approche, c'est un pivert (pique-bois en français canadien, woodpecker en anglais). Je reste discrète pour m'approcher. Soit j'ai réussi, soit il se fiche de ma présence. Je poursuis vers les twin falls et un autre pont, je remonte le sentier et retombe sur mon point de départ, où les touristes commencent à affluer.
Je retraverse ensuite la ville pour me rendre au Rodney's Oyster bar, où je rêve de savourer des huîtres depuis plusieurs mois. J'en commande 10, qui viennent de l'Ile du Prince Edouard et de l'Ile de Vancouver. Le serveur me propose plein de sauces, que je refuse. Il semble étonné que je les mange natures. Je vais ensuite me promener le long de la Marina où je vois un petit bateau arc en ciel, « Aquabus ». Dans son 8 places, le capitaine nous fait faire un tour du coin. Les édifices rivalisent de styles, de grandes tour en verre face à de petites maisons en bois qui flottent sur l'eau mais qui sont très modernes. Il nous dit que certaines ont même une cave.
Débarquée, je vais à la brasserie sur l'Ile de Granville, savourer une English Bay Pale Ale, une False Creek Raspberry Ale, et une Brockton IPA. Je reprends l'aquabus pour aller me promener sur une des plages où je fais une sieste.
Je retourne ensuite à l'auberge. Moirna, mon autre coloc de chambre, m'explique qu'elle est dans un « Life improvement program ». Mouais, une cure de désintox quoi ?? Je tente un deuxième bonjour à la connasse qui ne me répond même pas. Ben crève.
Mal aux tendons suite à la rando, je pars au Yagger's manger une salade et goûter une autre bière. C'est aussi un voyage de dégustation après tout !
A la table à côté de moi, un couple essaye de se prendre en photo. Je leur propose de m'en charger. Sue et Brian viennent de Melbourne, hier à Tokyo, demain ils partent en croisière en Alaska. On se pose plein de questions sur nos pays respectifs et ils sont curieux à propos de ma décision d'immigrer. « You are too young to have a bucket list ». En tout cas, j'ai réussi à ajouter la Bretagne à la sienne.
Ils partent, je m'apprête à partir aussi, le temps de finir ma bière. Deux couples entrent, ils portent des tableaux qui ressemblent à là où j'étais ce matin. Je leur souris, un des hommes me commande une bière « For being you, for being here ». Quoi ??? Je regarde sa femme, interloquée. Elle me dit « Don't worry, he is just very social ». Bon, d'accord.. Ils m'invitent à leur table et on passe la soirée à discuter. John est représentant Molson, ça explique peut être son côté social et la raison pour laquelle mon verre n'est jamais vide. Je fais connaissance avec presque tous les clients, nous sommes devenus une grosse « gang ». Il y a entre autres Steen, qui me propose de me faire visiter la ville le lendemain, et Antonio, qui ressemble à Antonio Banderas. Tous me conseillent de faire une grasse mat' demain, donc de me mettre au rythme local en vacances. Bonne idée, tiens !
Mercredi 4 juin : L'aquarium
Effectivement, j'ouvre les yeux en fin de matinée. Je vais acheter des piles pour mon appareil photo, celui que Carole m'a offert pour mon anniversaire il y a quelques années. Puis je vais visiter l'aquarium. Je vous le conseille si vous êtes en visite à Vancouver. Méduses, bélugas, poissons, crocodiles, dauphins, raies, serpents, grenouilles, oiseaux, mammifères.... et papillons, pour lesquels je prends une grande inspiration avant d'entrer dans la serre. J'y passe quelques heures, puis je vais me promener un peu dans le parc Stanley, respirer l'air de l'océan et admirer la vue magnifique.
En rentrant, je retourne me promener dans Gastown, c'est un très beau coin. Des rues semi-piétonnes, des platanes, une architecture indescriptible, des gens relaxés, la vie y semble belle. J'y savoure une Driftwood Farmhand, ambrée et amère, pour changer.
Je retourne à l'auberge où je retrouve Timothy. Il termine sa première journée de travail. C'est assez ironique de le voir travailler dans une propriété à 4 millions de dollars alors que lui vit dans une auberge à 10$ la nuit..
Il m'explique aussi que la Coréenne, l'asiatique folle de ma chambre, ne répond à personne. « There is something chemically wrong with that girl ». Ah, je pensais bien aussi...
Je discute avec quelques gars puis je vais me coucher. J'ai hâte à demain de découvrir de nouveaux paysages sur l'Ile de Vancouver.
Jeudi 5 juin : Vancouver-North Vancouver-Nanaimo
En me levant, je rencontre Richard qui me propose d'aller au canyon Lynn. Il porte un chapeau différent tous les jours. Aujourd'hui, un chapeau de pêcheur avec des appâts... Je décline poliment et par prendre mon petit dèj au café d'à côté, le Finch's. Le mobilier est charmant, un peu vieillot avec le vieux meuble de cuisine en formica vert et la porcelaine dessus. Ça me rappelle le Pen Ty chez Pépé et Mémé. Il y a même une estrade près de la vitrine où les clients peuvent s'installer. J'imagine facilement ma copine Anna dans le décors, et la musique ressemble à celle qu'elle m'a fait découvrir. Les menus sont écrits à la craie dans des cadres dorés et les chaises sont dépareillées. J'adore.
Je ramasse mes affaires et saute dans le bus qui m'emmène à North Vancouver prendre le ferry. Le bus se remplit peu à peu de voyageurs comme moi. Sur le siège à gauche de moi, un vieil homme aux cheveux aussi longs que la barbe et habillé comme un hippie s'assoit près d'un jeune en costume branché sur son Blackberry. Ça illustre bien le contraste de la ville.
J'embarque dans le ferry. Rien que le port, c'est magnifique. Je vois les montagnes de près, les immenses sapins, l'océan (la baie, oui je sais mais laissez-moi y croire). Je suis sur un petit nuage !
En arrivant à Nanaimo, je prends le bus jusqu'à l'auberge. Neuve et propre, ça change ! Mamie Zinzin, sur le lit en dessous de moi, parle toute seule et range soigneusement une partition de musique dans un ziploc (Euh...d'accord). Je ressors prendre une bonne bière fraîche et une salade, puis je vais me promener en ville. La place Diana Krall ? Quoi ? Oh, elle est née ici !? Les pavés à terre forment un piano en spirale, et elle a signé une plaque à côté. Wahouuuuuuuuuuu (excusez moi, c'est tout ce qui m'est venu à l'esprit). Je vais me promener le long du port de plaisance pour jeter un œil aux voiliers. Déformation maternelle et beau-pèrienne ?
Je décide d'aller trouver la station Greyhound pour ne pas me retrouver dans le trouble le lendemain matin. Je la cherche mais impossible de la localiser. Je m'arrête dans une boutique bio demander à une dame qui me dit que l'arrêt est maintenant au terminal du Ferry. Je veux aussi acheter du café instantané au cas où il n'y en aurait pas pour mes futurs matins. Je demande à la dame si elle a quelque chose de fort. « I'm a don't-talk-to-me morning person ». « Oh, we don't have that here » me répond-t-elle en souriant.
Je retourne ensuite à l'auberge pour me reposer.
Vendredi 6 juin : En route pour Tofino
Je me réveille en avance, car j'ai très hâte d'aller à Tofino. Arrivée au terminal du ferry, un petit coup de stress car 3 autobus arrivent en même temps. Deux greyhounds, qui ne vont pas à Tofino. Un Tofino bus mais pas de la compagnie Greyhound. Les autres passagers sont aussi perdus que moi. Finalement on embarque dans le bon. On passe d'une petite ville portuaire à un territoire où les immenses sapins poussent à flanc de montagne, chatouillés aux pieds par des rivières de toutes les couleurs. La route est parfois étroite, creusée dans la roche, au plus près de la montagne.
On arrive à Tofino après avoir longé de grandes plages. J'ai hâte d'y mettre les pieds. Tofino est un petit village, avec des boutiques de surf, d'excursion, des auberges, motels etc. Un petit port de pêche, quelques restaus. Oui, c'est touristique mais charmant quand même !!
L'auberge est une grande maison aménagée avec des chambres doubles et un dortoir. La table de dehors comme de dedans peut asseoir 12 à 15 personnes, c'est un immense tronc d'arbre, proportionnel aux arbres d'ici. Les sièges sont des bûches. Nick, le propriétaire, me dit qu'il a fait les tables lui même et que ça a pris beaucoup de temps.
Je sympathise avec deux autres françaises, en plein tour du monde (Leur blog : http://uniesversdailleurs.uniterre.com/ ) . Après Bali, Nouvelle Zélande, Laos, Cambodge etc, Céline et Julia font un tour en Colombie Britannique. Je me sens toute petite à côté d'elles. Après s'être installées, on décide d'aller faire un tour à la plage indiquée par Generro, un anglais qui travaille à l'auberge, Tonquin Beach. Je veux voir la mer!! On fait plus ample connaissance en chemin. Déformation professionnelle, je leur pose plein de questions sur les pays qu'elles ont visités. On profite de la vue, entre la forêt et la plage.
En rentrant, chacune fait sa bouffe de son côté et on se retrouve à la grande table de la cuisine pour manger ensemble et partager des bières. Les autres s'installent aussi. A côté de nous, Renatte et sa fille Annecke essayent de dérouiller mon allemand. Il y a au moins 6 nationalités différentes à la table, et l'ambiance est chaleureuse.
Il est tard, les filles et moi allons nous coucher tandis que les autres vont au club (Il y a un club ici?).
Samedi 7 juin : Les baleines
Au réveil, Nick nous fait des gaufres, c'est le menu du petit déjeuner. Nappées de sirop d'érable pour moi. Hmmmm !!! Il fait jouer un Blues pour que Generro l'apprenne. Un Blues est un Blues. Je lui demande de me prêter sa guitare. Au bout de quelques secondes , je suis capable de jouer. Nick semble impressionné, Generro range sa guitare. Bon...
Les filles et moi décidons d'aller voir les baleines, en attendant que Generro nous trouve un autre coupon pour louer du matériel de surf. Rendez vous à 15h30. En attendant, les filles vont se promener, moi je vais faire un jogging à la plage où on était hier. Pur plaisir !
Je retrouve les filles quelques temps après. Julia sort son Ukulélé et on reprend « Ma vie c'est d'la marde » de Lisa Leblanc, une chanteuse du Nouveau Brunswick. Céline fait les chœurs et nous filme en même temps. Un beau moment qui nous fait bien rire!
Pendant la chanson, deux pensionnaires nous rejoignent dans le dortoir. C'est Olivia et Fabrice, deux autres français qui eux commencent leur tour du monde et se marient à Hawaï le 16 juin. On se met en route pour aller voir les baleines. La dame nous donne des combinaisons rouges imperméables, on dirait que je suis enceinte!
On embarque sur un petit bateau, pas un zodiac pour se faire tremper, la classe au dessus. Le guide nous pointe un jet d'eau du doigt. C'est comme ça qu'on les repère. Elles commencent par cracher de l'eau puis plongent, c'est comme ça qu'on peut voir leur dos. On a même aperçu un morceau de queue.
Le guide pilote à une vitesse folle et fais de tels virages que je me demande s'il a le droit de naviguer aussi vite. Ce qui ne m'empêche pas de me pencher dans le même sens que le bateau pour avoir un maximum de sensations. J'adore !
Il nous emmène voir des loutres qui se baignent couchées sur le dos et qui ne bronchent pas à notre arrivée, ainsi que des lions de mer qui sentent très fort et qui, quand ils crient, semblent roter. Eh, j'en fais des plus gros !!!
Après être revenues à la maison, on se joint aux autres et on buff, on échange des riffs de guitare et des chansons. Un djumbé, 2 guitares, une mandoline et un ukulélé. Très belle manière de terminer la journée !
Deux clientes françaises arrivent, je m'occupe de faire la traduction car apparemment je suis la seule qui comprend et parle bien les deux langues. Nick le propriétaire, est content que je m'en occupe. Il me dit « If they stay, you stay too. Don't leave me ! » Haha, j'aimerais bien mais après Tofino il me reste des aventures à vivre!
Dimanche 8 juin : La brume et la plage
Matin brumeux, semblable à ceux de San Francisco. Normal, on est du même côté. Les filles et moi louons des vélos et partons voir les plages mythiques. La brume ne se lève pas et baisse sacrément la température. On pique nique sur la plage puis on décide d'aller « goûter l'eau ». C'est un peu un défi entre nous trois car on soupçonne que l'eau est fraîche. Effectivement, elle est gelée. Julia sort sa caméra pour filmer trois furies faire un aller-retour.
Après ça, les filles veulent continuer d'explorer. La brève baignade m'a gelée, je décide de rentrer et les laisse aller.
Je m'arrête au Jack's, savourer une Reign'n'blonde. Le port est de l'autre côté de la presqu'île et les paysages sont différents. Un pêcheur découpe et vide les poissons ramenés dans ses filets. Ils sont de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Ça attire les rapaces aux alentours. Il ne va pas assez vite pour l'un d'entre eux qui décide d'aller piquer des frites sur la table d'à côté. Quel effronté !
Je rentre tranquillement pour continuer à profiter de ma journée. Je croise Julia et Ludo et nous décidons d'aller nous promener à la plage Tonquin. En route, on rencontre un cycliste français dont le vélo est très étrange : Allongé. Il nous fait faire un tour à chacune. Xavier est un jeune ingénieur fraîchement diplômé de Lille, et il a choisi de traverser le Canada à vélo. On va se baigner tous ensemble, mes deux brassées dans le Pacifique sont très rapides car la température de l'eau n'a pas changé. Mais comme le soleil est enfin sorti, ça aide psychologiquement. Ludo nous montre les étoiles de mer, « Aussi dangereuses que des huîtres ». Bon, on peut les toucher alors !
En remontant vers nos affaires, on se rend compte que les corbeaux sont allés piller le petit déjeuner de Xavier, qui fait donc route avec nous vers le village pour se racheter du pain.
Après une bonne douche chaude, Céline et Julia me racontent la suite de leurs aventures. Ludo nous propose de nous emmener à la plage en auto demain. C'est pas de refus, j'ai quand même fait 24km à vélo aujourd'hui, et les filles encore plus !
Lundi 9 juin : Le surf, c'est pas facile !
Le matin, on prend ça relax car on attend qu'Ariane et Ludo terminent leurs tâches à l'auberge. Ils viennent du Québec mais travaillent ici pour l'été.
Une fois qu'ils ont terminé, on part louer l'équipement de surf. C'est fou comme une petite nana de 18 ans peut avoir autant d'assurance. Elle installe les galeries sur l'auto, serre les 3 planches avec les sangles comme si elle avait fait ça toute sa vie. En arrivant à la plage, Ariane nous conseille de nous habiller sur le parking, parce que les combinaisons sont vraiment proches du corps et que si on y met du sable ça va être très désagréable. Oui chef ! Puis elle et Julia me donnent une initiation au surf avant de commencer : Quand et comment se lever sur la planche. Le vent est très fort, et si je n'aligne pas ma planche comme il faut, je me fais repousser. Je vais dans l'eau mais les vagues sont vraiment très fortes. Il y a eu un championnat du monde de surf quelques jours avant, juste pour vous dire la force des vagues... Je prends autant de vagues que de taules, Julia essaye de m'encourager mais j'en ai marre, je n'ai pas assez de force contre les vagues. Tant pis, j'aurai essayé !
Je rentre me sécher, Céline et Ludo font de la planche sur la surface (vous savez, l'ovale qu'on lance, on court et on saute dessus). Puis on pique-nique, on se change pour ne pas avoir froid, et on va s'enfiler un Tacofino.
Les filles décident d'aller explorer l'épave de l'avion qui s'est écrasé dans la forêt voisine en 1945. J'aurais vraiment aimé, mais 17h+forêt+boue=moustiques. J'ai hâte de voir leurs photos. Je rentre donc à la maison, je prends une douche chaude puis je retourne au Jack's. En chemin, je croise Olivia et Fabrice qui me proposent de me rejoindre après leurs courses. Plus on est de fous, plus on rit !
On se rejoint donc au Jack's, où on se pose plein de questions sur nos vies, et on parle beaucoup de la condition des autochtones, auxquelles la plupart des Canadiens ne portent aucune importance. Pendant qu'on termine nos bières, un groupe reprend du Jimmy Hendrix. Hmmm bonne musique...
La dernière soirée à Tofino s'achève à la grande table, on partage gâteaux, photos, coordonnées, et on prend une photo avec nos mascottes. Demain, toute la chambrée de Français s'en va.
Mardi 10 juin : Tofino-Nanaimo
Le départ traîne, car on est tous tristes de partir. Finalement Céline, Julia et moi embarquons dans le Tofino Bus qui nous emmène jusqu'à Nanaimo. Nous retrouvons Olivia et Fabrice qui ont déposé leur auto de location. On se redit au revoir, ils partent à Vancouver puis Hawaï !!!
Les filles descendent à leur auberge, moi à la mienne. Elles me rejoignent au pub où l'on parle de leur voyage (oui, je ne me lasse pas de les écouter).
Ensuite on s'en va se promener le long du front de mer, je leur montre la place Diana Krall, la marina, on complexe sur nos mollets de pas femme dus à notre style de vie. Céline nous parle avec son accent Ch'ti, nous chante une berceuse et nous fait rire. Comme j'ai des réducs pour un restau, on va manger une pizza. Les filles me parlent de leur travail. Céline exerce dans un centre de cancérologie avec des malades en fin de vie, et Julia dans un centre de rééducation avec des petits vieux ou des grands accidentés. Décidément, je me sens vraiment toute petite à côté d'elles. A mon tour, j'essaye de leur apporter un peu de mon savoir en les conseillant sur le vocabulaire franco-canadien qui est fort différent du français de France. Puis je les raccompagne à leur hôtel et je rentre me coucher. On a rendez vous le lendemain matin.
Mercredi 11 : Nanaimo-North Vancouver-Vancouver, et la vie en rose
Un petit coup de stress au moment de prendre le bus : Je donne de l'argent à un SDF, puis une femme vient me vendre un ticket de bus. J'accepte, puis je me rends compte que si le ticket est faux, je n'ai plus d'argent pour prendre le bus. Oh non.... Heureusement c'est un bon. Le bus me dépose au terminal du Ferry, les filles arrivent 5mn après moi. On embarque et on cause pendant presque tout le trajet. Les gens qui voyagent ont beaucoup de choses à se dire.
Arrivées à North Vancouver, on galère un peu pour trouver la bonne ligne de métro pour aller à l'auberge. Finalement on y arrive, il reste une place dans le dortoir des filles pour moi. On pose alors nos affaires puis on part en quête d'une épicerie pour le repas, et je veux aussi montrer aux filles Gastown, le quartier à l'architecture originale. On fait les courses, on retourne à l'auberge savourer une soupe épicée avec nouilles chinoises, puis comme c'est le dernier soir j'offre un verre aux filles, à l'Ivanohé, pour les remercier de m'avoir endurée autant de jours. C'est soirée karaoké, Céline et moi décidons de chanter « La vie en rose », seule chanson que nous deux connaissons dans le petit répertoire en français disponible. J'aime beaucoup cette chanson parce que c'est une chanson que me chantait Mémé Thérèse quand j'étais petite. Au début, je croyais qu'elle avait écrit la chanson et qu'elle parlait de Pépé Job. Après, j'ai su...
Les gens applaudissent fort, ils aiment la langue française ! Une fois ma timidité passée, je décide d'aller en chanter une autre, « Dream a little dream ». Je commence par m'excuser de mon accent, les gens crient pour m'encourager. Bon... Une fois que j'ai terminé, je suis probablement aussi rouge que ma veste. On vide nos verres et on part. Entre temps, le monsieur de la table d'à côté me demande mon numéro de téléphone. Je lui réponds gentiment que mon cœur est pris et lui serre la main. On rentre se coucher directement, faut dire qu'on a du kilomètre au compteur !
Jeudi 12 : Le départ
Les filles m'ont préparé un petit dej surprise, des pancakes au Nutella !!!! Adorapppp', comme on dit chez nous. Je leur laisse ma bouffe, car elles en ont plus besoin que moi j'imagine, leur voyage n'est pas terminé. On se dit au revoir mais pas adieu, car elles viennent me voir à Ottawa la fin de semaine du 18-19-20 juillet.
Je reprends le métro et j'arrive sans encombre à l'aéroport pour prendre mon avion.
J'étais partie pour découvrir un coin de pays, pour aller là où je voulais immigrer au départ, et pour souffler après l'année mouvementée que j'ai eue. J'ai été effectivement soufflée mais par les paysages, la nature et les gens. Et très surprise de m'entendre aussi bien avec des français. Il ne manquait qu'Audrey.
Les coins que j'ai vus en Colombie Britannique sont incroyablement beaux. Incroyables dans le sens où, comme en Mongolie, j'avais du mal à en croire mes yeux tellement la combinaison des paysages magnifiques était surprenante.
Si vous avez l'occasion d'y aller, surtout n'hésitez pas et foncez.
The B in B.C. must stand for Breathtaking !
Le voyage se passe bien. Dans le deuxième avion, Keith et moi parlons. C'est un gars qui travaille à Timmins, dont le médecin est à Edmonton et qui vit à Vancouver. Cherchez l'erreur. On débarque ensemble, il m'offre une cigarette en attendant les bagages. Je la refuse bien entendu. Il sent fort l'alcool et finit par me montrer une bouteille de Bacardi qu'il a bue en cachette dans l'avion. On ramasse nos sacs, puis on prend le Skytrain ensemble. Il est très gentil mais je ne sais pas si c'est de la drague ou de la gentillesse, alors je reste distante. Il descend à son arrêt en me disant que j'aurais pu l'inviter à déjeuner. J'affiche un sourire gêné et lui souhaite bon courage pour sa chirurgie du genou.
En sortant à ma station, un homme me voit regarder partout. Avec mon plan de Vancouver et mon grand sac à dos, je ne suis pas très discrète. Il me demande où je veux aller et m'indique la bonne sortie. Bienvenue !
J'arrive à l'auberge de jeunesse. Je pousse une vieille et lourde porte en bois et je gravis quelques marches. J'arrive au ''bureau'' de la réception. Le gérant ressemble à un hippie qui serait né à la mauvaise époque. Il est aimable avec moi mais pas avec une asiatique qui passe. Il me donne une clé, des draps et un rouleau de P.Q., en entrecoupant sa description du fonctionnement de l'auberge par des phrases pas très agréables à l'asiatique qui semble l'ignorer. ''They are here because they can't find a husband''. Je souris. Il me donne le choix entre 2 chambres. Une avec 8 ''hoarders'', dont la traduction française d' ''accumulateurs'' n'est vraiment pas assez intense, ou 3 normales. Je choisis les 3 normales. En arrivant dans la chambre, j'écarquille les yeux. Même la chambre de mon grand frère pendant son adolescence semblait rangée et propre à côté de celle-ci. Je salue l'asiatique, qui, comble de chance, dort dans la même chambre que moi. ''I leave you alone'', répond-t-elle dans un ton de colère. Va chier, connasse. Je fais mon lit, dépose mon sac sur mon lit comme s'il pouvait être épargné par la saleté du dortoir, puis je sors. Je pense que je ne resterai ici que pour dormir.
Je sors le plan une nouvelle fois et vais me boire une bonne bière fraîche au Cambie, recommandé par une étudiante.
Après ça, mon premier réflexe est d'aller directement au port. Quel soulagement de revoir la mer, de sentir l'iode et d'entendre le bruit des bateaux et de l'eau. Je pars ensuite me promener dans les différents quartiers. Le vieux Gastown, qui ressemble à une place de village en Provence mélangeant les édifices aux architectures variées, les quartiers d'habitation avec les tours de verre, les édifices avec les arbres qui poussent au sommet. Je descends ensuite la rue Granville vers le sud pour continuer ma découverte.
De retour à l'auberge, Timothy me fait signe de le rejoindre dans le salon commun. On fait connaissance. C'est un gars d'ici dont la copine vit en Allemagne, qu'il a dû quitter car son visa était expiré. Depuis novembre à l'auberge, il vient de trouver un boulot de paysagiste. A côté de lui, Richard s'allume un joint. Peu volubile, il me dit juste qu'il vient de Hamilton en Ontario. Je fais connaissance avec quelques autres personnes dans la pièce à côté puis je vais me coucher. Je suis quand même debout depuis 5h du matin ! Plus tard, je suis réveillée par mes colocs de chambre qui crient. Oui, à cause de la mauvaise hygiène, il y a des cafards dans la chambre. Au vu du tampax usagé à terre, elles ne s'attendaient tout de même pas à des flamands roses !
Mardi 3 juin : Vancouver
J'ouvre les yeux à 6h45. C'est parti pour une rando, au Lynn Canyon, recommandé par d'autres amis pour qui le pont de Capilano est un piège à touristes. Un petit dèj au Tim Horton's, où 7 flics dont un à moto confirment le stéréotype de l'intime relation entre les beignets et les policiers.
J'embarque donc dans le ''seabus'' comme ils l'appellent ici. Ça me rappelle mes semaines à Toulon, quand je prenais le ferry pour aller de St Mandrier à la fac. Le guide me donne un plan avec plusieurs sentiers. Je décide de tous les faire, je suis là pour explorer et il est tôt ! Trop tôt pour les touristes et les moustiques, mais parfait pour les marcheurs et les dames qui promènent leurs chiens. Je franchis le pont suspendu, très impressionnant. Il s'élève au trois quarts des arbres qui eux sont immenses. Je dois me tordre le cou pour en voir la cime. Puis je descends, attirée par le bruit de l'eau. La rivière est jaune, blanche, bleue, verte selon la profondeur et son mouvement. Il y a même un bassin très profond où il est interdit d'aller. J'imagine, vu le courant...
En parcourant un sentier, j'entends frapper sur du bois, mais aucune voix humaine. Je m'approche, c'est un pivert (pique-bois en français canadien, woodpecker en anglais). Je reste discrète pour m'approcher. Soit j'ai réussi, soit il se fiche de ma présence. Je poursuis vers les twin falls et un autre pont, je remonte le sentier et retombe sur mon point de départ, où les touristes commencent à affluer.
Je retraverse ensuite la ville pour me rendre au Rodney's Oyster bar, où je rêve de savourer des huîtres depuis plusieurs mois. J'en commande 10, qui viennent de l'Ile du Prince Edouard et de l'Ile de Vancouver. Le serveur me propose plein de sauces, que je refuse. Il semble étonné que je les mange natures. Je vais ensuite me promener le long de la Marina où je vois un petit bateau arc en ciel, « Aquabus ». Dans son 8 places, le capitaine nous fait faire un tour du coin. Les édifices rivalisent de styles, de grandes tour en verre face à de petites maisons en bois qui flottent sur l'eau mais qui sont très modernes. Il nous dit que certaines ont même une cave.
Débarquée, je vais à la brasserie sur l'Ile de Granville, savourer une English Bay Pale Ale, une False Creek Raspberry Ale, et une Brockton IPA. Je reprends l'aquabus pour aller me promener sur une des plages où je fais une sieste.
Je retourne ensuite à l'auberge. Moirna, mon autre coloc de chambre, m'explique qu'elle est dans un « Life improvement program ». Mouais, une cure de désintox quoi ?? Je tente un deuxième bonjour à la connasse qui ne me répond même pas. Ben crève.
Mal aux tendons suite à la rando, je pars au Yagger's manger une salade et goûter une autre bière. C'est aussi un voyage de dégustation après tout !
A la table à côté de moi, un couple essaye de se prendre en photo. Je leur propose de m'en charger. Sue et Brian viennent de Melbourne, hier à Tokyo, demain ils partent en croisière en Alaska. On se pose plein de questions sur nos pays respectifs et ils sont curieux à propos de ma décision d'immigrer. « You are too young to have a bucket list ». En tout cas, j'ai réussi à ajouter la Bretagne à la sienne.
Ils partent, je m'apprête à partir aussi, le temps de finir ma bière. Deux couples entrent, ils portent des tableaux qui ressemblent à là où j'étais ce matin. Je leur souris, un des hommes me commande une bière « For being you, for being here ». Quoi ??? Je regarde sa femme, interloquée. Elle me dit « Don't worry, he is just very social ». Bon, d'accord.. Ils m'invitent à leur table et on passe la soirée à discuter. John est représentant Molson, ça explique peut être son côté social et la raison pour laquelle mon verre n'est jamais vide. Je fais connaissance avec presque tous les clients, nous sommes devenus une grosse « gang ». Il y a entre autres Steen, qui me propose de me faire visiter la ville le lendemain, et Antonio, qui ressemble à Antonio Banderas. Tous me conseillent de faire une grasse mat' demain, donc de me mettre au rythme local en vacances. Bonne idée, tiens !
Mercredi 4 juin : L'aquarium
Effectivement, j'ouvre les yeux en fin de matinée. Je vais acheter des piles pour mon appareil photo, celui que Carole m'a offert pour mon anniversaire il y a quelques années. Puis je vais visiter l'aquarium. Je vous le conseille si vous êtes en visite à Vancouver. Méduses, bélugas, poissons, crocodiles, dauphins, raies, serpents, grenouilles, oiseaux, mammifères.... et papillons, pour lesquels je prends une grande inspiration avant d'entrer dans la serre. J'y passe quelques heures, puis je vais me promener un peu dans le parc Stanley, respirer l'air de l'océan et admirer la vue magnifique.
En rentrant, je retourne me promener dans Gastown, c'est un très beau coin. Des rues semi-piétonnes, des platanes, une architecture indescriptible, des gens relaxés, la vie y semble belle. J'y savoure une Driftwood Farmhand, ambrée et amère, pour changer.
Je retourne à l'auberge où je retrouve Timothy. Il termine sa première journée de travail. C'est assez ironique de le voir travailler dans une propriété à 4 millions de dollars alors que lui vit dans une auberge à 10$ la nuit..
Il m'explique aussi que la Coréenne, l'asiatique folle de ma chambre, ne répond à personne. « There is something chemically wrong with that girl ». Ah, je pensais bien aussi...
Je discute avec quelques gars puis je vais me coucher. J'ai hâte à demain de découvrir de nouveaux paysages sur l'Ile de Vancouver.
Jeudi 5 juin : Vancouver-North Vancouver-Nanaimo
En me levant, je rencontre Richard qui me propose d'aller au canyon Lynn. Il porte un chapeau différent tous les jours. Aujourd'hui, un chapeau de pêcheur avec des appâts... Je décline poliment et par prendre mon petit dèj au café d'à côté, le Finch's. Le mobilier est charmant, un peu vieillot avec le vieux meuble de cuisine en formica vert et la porcelaine dessus. Ça me rappelle le Pen Ty chez Pépé et Mémé. Il y a même une estrade près de la vitrine où les clients peuvent s'installer. J'imagine facilement ma copine Anna dans le décors, et la musique ressemble à celle qu'elle m'a fait découvrir. Les menus sont écrits à la craie dans des cadres dorés et les chaises sont dépareillées. J'adore.
Je ramasse mes affaires et saute dans le bus qui m'emmène à North Vancouver prendre le ferry. Le bus se remplit peu à peu de voyageurs comme moi. Sur le siège à gauche de moi, un vieil homme aux cheveux aussi longs que la barbe et habillé comme un hippie s'assoit près d'un jeune en costume branché sur son Blackberry. Ça illustre bien le contraste de la ville.
J'embarque dans le ferry. Rien que le port, c'est magnifique. Je vois les montagnes de près, les immenses sapins, l'océan (la baie, oui je sais mais laissez-moi y croire). Je suis sur un petit nuage !
En arrivant à Nanaimo, je prends le bus jusqu'à l'auberge. Neuve et propre, ça change ! Mamie Zinzin, sur le lit en dessous de moi, parle toute seule et range soigneusement une partition de musique dans un ziploc (Euh...d'accord). Je ressors prendre une bonne bière fraîche et une salade, puis je vais me promener en ville. La place Diana Krall ? Quoi ? Oh, elle est née ici !? Les pavés à terre forment un piano en spirale, et elle a signé une plaque à côté. Wahouuuuuuuuuuu (excusez moi, c'est tout ce qui m'est venu à l'esprit). Je vais me promener le long du port de plaisance pour jeter un œil aux voiliers. Déformation maternelle et beau-pèrienne ?
Je décide d'aller trouver la station Greyhound pour ne pas me retrouver dans le trouble le lendemain matin. Je la cherche mais impossible de la localiser. Je m'arrête dans une boutique bio demander à une dame qui me dit que l'arrêt est maintenant au terminal du Ferry. Je veux aussi acheter du café instantané au cas où il n'y en aurait pas pour mes futurs matins. Je demande à la dame si elle a quelque chose de fort. « I'm a don't-talk-to-me morning person ». « Oh, we don't have that here » me répond-t-elle en souriant.
Je retourne ensuite à l'auberge pour me reposer.
Vendredi 6 juin : En route pour Tofino
Je me réveille en avance, car j'ai très hâte d'aller à Tofino. Arrivée au terminal du ferry, un petit coup de stress car 3 autobus arrivent en même temps. Deux greyhounds, qui ne vont pas à Tofino. Un Tofino bus mais pas de la compagnie Greyhound. Les autres passagers sont aussi perdus que moi. Finalement on embarque dans le bon. On passe d'une petite ville portuaire à un territoire où les immenses sapins poussent à flanc de montagne, chatouillés aux pieds par des rivières de toutes les couleurs. La route est parfois étroite, creusée dans la roche, au plus près de la montagne.
On arrive à Tofino après avoir longé de grandes plages. J'ai hâte d'y mettre les pieds. Tofino est un petit village, avec des boutiques de surf, d'excursion, des auberges, motels etc. Un petit port de pêche, quelques restaus. Oui, c'est touristique mais charmant quand même !!
L'auberge est une grande maison aménagée avec des chambres doubles et un dortoir. La table de dehors comme de dedans peut asseoir 12 à 15 personnes, c'est un immense tronc d'arbre, proportionnel aux arbres d'ici. Les sièges sont des bûches. Nick, le propriétaire, me dit qu'il a fait les tables lui même et que ça a pris beaucoup de temps.
Je sympathise avec deux autres françaises, en plein tour du monde (Leur blog : http://uniesversdailleurs.uniterre.com/ ) . Après Bali, Nouvelle Zélande, Laos, Cambodge etc, Céline et Julia font un tour en Colombie Britannique. Je me sens toute petite à côté d'elles. Après s'être installées, on décide d'aller faire un tour à la plage indiquée par Generro, un anglais qui travaille à l'auberge, Tonquin Beach. Je veux voir la mer!! On fait plus ample connaissance en chemin. Déformation professionnelle, je leur pose plein de questions sur les pays qu'elles ont visités. On profite de la vue, entre la forêt et la plage.
En rentrant, chacune fait sa bouffe de son côté et on se retrouve à la grande table de la cuisine pour manger ensemble et partager des bières. Les autres s'installent aussi. A côté de nous, Renatte et sa fille Annecke essayent de dérouiller mon allemand. Il y a au moins 6 nationalités différentes à la table, et l'ambiance est chaleureuse.
Il est tard, les filles et moi allons nous coucher tandis que les autres vont au club (Il y a un club ici?).
Samedi 7 juin : Les baleines
Au réveil, Nick nous fait des gaufres, c'est le menu du petit déjeuner. Nappées de sirop d'érable pour moi. Hmmmm !!! Il fait jouer un Blues pour que Generro l'apprenne. Un Blues est un Blues. Je lui demande de me prêter sa guitare. Au bout de quelques secondes , je suis capable de jouer. Nick semble impressionné, Generro range sa guitare. Bon...
Les filles et moi décidons d'aller voir les baleines, en attendant que Generro nous trouve un autre coupon pour louer du matériel de surf. Rendez vous à 15h30. En attendant, les filles vont se promener, moi je vais faire un jogging à la plage où on était hier. Pur plaisir !
Je retrouve les filles quelques temps après. Julia sort son Ukulélé et on reprend « Ma vie c'est d'la marde » de Lisa Leblanc, une chanteuse du Nouveau Brunswick. Céline fait les chœurs et nous filme en même temps. Un beau moment qui nous fait bien rire!
Pendant la chanson, deux pensionnaires nous rejoignent dans le dortoir. C'est Olivia et Fabrice, deux autres français qui eux commencent leur tour du monde et se marient à Hawaï le 16 juin. On se met en route pour aller voir les baleines. La dame nous donne des combinaisons rouges imperméables, on dirait que je suis enceinte!
On embarque sur un petit bateau, pas un zodiac pour se faire tremper, la classe au dessus. Le guide nous pointe un jet d'eau du doigt. C'est comme ça qu'on les repère. Elles commencent par cracher de l'eau puis plongent, c'est comme ça qu'on peut voir leur dos. On a même aperçu un morceau de queue.
Le guide pilote à une vitesse folle et fais de tels virages que je me demande s'il a le droit de naviguer aussi vite. Ce qui ne m'empêche pas de me pencher dans le même sens que le bateau pour avoir un maximum de sensations. J'adore !
Il nous emmène voir des loutres qui se baignent couchées sur le dos et qui ne bronchent pas à notre arrivée, ainsi que des lions de mer qui sentent très fort et qui, quand ils crient, semblent roter. Eh, j'en fais des plus gros !!!
Après être revenues à la maison, on se joint aux autres et on buff, on échange des riffs de guitare et des chansons. Un djumbé, 2 guitares, une mandoline et un ukulélé. Très belle manière de terminer la journée !
Deux clientes françaises arrivent, je m'occupe de faire la traduction car apparemment je suis la seule qui comprend et parle bien les deux langues. Nick le propriétaire, est content que je m'en occupe. Il me dit « If they stay, you stay too. Don't leave me ! » Haha, j'aimerais bien mais après Tofino il me reste des aventures à vivre!
Dimanche 8 juin : La brume et la plage
Matin brumeux, semblable à ceux de San Francisco. Normal, on est du même côté. Les filles et moi louons des vélos et partons voir les plages mythiques. La brume ne se lève pas et baisse sacrément la température. On pique nique sur la plage puis on décide d'aller « goûter l'eau ». C'est un peu un défi entre nous trois car on soupçonne que l'eau est fraîche. Effectivement, elle est gelée. Julia sort sa caméra pour filmer trois furies faire un aller-retour.
Après ça, les filles veulent continuer d'explorer. La brève baignade m'a gelée, je décide de rentrer et les laisse aller.
Je m'arrête au Jack's, savourer une Reign'n'blonde. Le port est de l'autre côté de la presqu'île et les paysages sont différents. Un pêcheur découpe et vide les poissons ramenés dans ses filets. Ils sont de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Ça attire les rapaces aux alentours. Il ne va pas assez vite pour l'un d'entre eux qui décide d'aller piquer des frites sur la table d'à côté. Quel effronté !
Je rentre tranquillement pour continuer à profiter de ma journée. Je croise Julia et Ludo et nous décidons d'aller nous promener à la plage Tonquin. En route, on rencontre un cycliste français dont le vélo est très étrange : Allongé. Il nous fait faire un tour à chacune. Xavier est un jeune ingénieur fraîchement diplômé de Lille, et il a choisi de traverser le Canada à vélo. On va se baigner tous ensemble, mes deux brassées dans le Pacifique sont très rapides car la température de l'eau n'a pas changé. Mais comme le soleil est enfin sorti, ça aide psychologiquement. Ludo nous montre les étoiles de mer, « Aussi dangereuses que des huîtres ». Bon, on peut les toucher alors !
En remontant vers nos affaires, on se rend compte que les corbeaux sont allés piller le petit déjeuner de Xavier, qui fait donc route avec nous vers le village pour se racheter du pain.
Après une bonne douche chaude, Céline et Julia me racontent la suite de leurs aventures. Ludo nous propose de nous emmener à la plage en auto demain. C'est pas de refus, j'ai quand même fait 24km à vélo aujourd'hui, et les filles encore plus !
Lundi 9 juin : Le surf, c'est pas facile !
Le matin, on prend ça relax car on attend qu'Ariane et Ludo terminent leurs tâches à l'auberge. Ils viennent du Québec mais travaillent ici pour l'été.
Une fois qu'ils ont terminé, on part louer l'équipement de surf. C'est fou comme une petite nana de 18 ans peut avoir autant d'assurance. Elle installe les galeries sur l'auto, serre les 3 planches avec les sangles comme si elle avait fait ça toute sa vie. En arrivant à la plage, Ariane nous conseille de nous habiller sur le parking, parce que les combinaisons sont vraiment proches du corps et que si on y met du sable ça va être très désagréable. Oui chef ! Puis elle et Julia me donnent une initiation au surf avant de commencer : Quand et comment se lever sur la planche. Le vent est très fort, et si je n'aligne pas ma planche comme il faut, je me fais repousser. Je vais dans l'eau mais les vagues sont vraiment très fortes. Il y a eu un championnat du monde de surf quelques jours avant, juste pour vous dire la force des vagues... Je prends autant de vagues que de taules, Julia essaye de m'encourager mais j'en ai marre, je n'ai pas assez de force contre les vagues. Tant pis, j'aurai essayé !
Je rentre me sécher, Céline et Ludo font de la planche sur la surface (vous savez, l'ovale qu'on lance, on court et on saute dessus). Puis on pique-nique, on se change pour ne pas avoir froid, et on va s'enfiler un Tacofino.
Les filles décident d'aller explorer l'épave de l'avion qui s'est écrasé dans la forêt voisine en 1945. J'aurais vraiment aimé, mais 17h+forêt+boue=moustiques. J'ai hâte de voir leurs photos. Je rentre donc à la maison, je prends une douche chaude puis je retourne au Jack's. En chemin, je croise Olivia et Fabrice qui me proposent de me rejoindre après leurs courses. Plus on est de fous, plus on rit !
On se rejoint donc au Jack's, où on se pose plein de questions sur nos vies, et on parle beaucoup de la condition des autochtones, auxquelles la plupart des Canadiens ne portent aucune importance. Pendant qu'on termine nos bières, un groupe reprend du Jimmy Hendrix. Hmmm bonne musique...
La dernière soirée à Tofino s'achève à la grande table, on partage gâteaux, photos, coordonnées, et on prend une photo avec nos mascottes. Demain, toute la chambrée de Français s'en va.
Mardi 10 juin : Tofino-Nanaimo
Le départ traîne, car on est tous tristes de partir. Finalement Céline, Julia et moi embarquons dans le Tofino Bus qui nous emmène jusqu'à Nanaimo. Nous retrouvons Olivia et Fabrice qui ont déposé leur auto de location. On se redit au revoir, ils partent à Vancouver puis Hawaï !!!
Les filles descendent à leur auberge, moi à la mienne. Elles me rejoignent au pub où l'on parle de leur voyage (oui, je ne me lasse pas de les écouter).
Ensuite on s'en va se promener le long du front de mer, je leur montre la place Diana Krall, la marina, on complexe sur nos mollets de pas femme dus à notre style de vie. Céline nous parle avec son accent Ch'ti, nous chante une berceuse et nous fait rire. Comme j'ai des réducs pour un restau, on va manger une pizza. Les filles me parlent de leur travail. Céline exerce dans un centre de cancérologie avec des malades en fin de vie, et Julia dans un centre de rééducation avec des petits vieux ou des grands accidentés. Décidément, je me sens vraiment toute petite à côté d'elles. A mon tour, j'essaye de leur apporter un peu de mon savoir en les conseillant sur le vocabulaire franco-canadien qui est fort différent du français de France. Puis je les raccompagne à leur hôtel et je rentre me coucher. On a rendez vous le lendemain matin.
Mercredi 11 : Nanaimo-North Vancouver-Vancouver, et la vie en rose
Un petit coup de stress au moment de prendre le bus : Je donne de l'argent à un SDF, puis une femme vient me vendre un ticket de bus. J'accepte, puis je me rends compte que si le ticket est faux, je n'ai plus d'argent pour prendre le bus. Oh non.... Heureusement c'est un bon. Le bus me dépose au terminal du Ferry, les filles arrivent 5mn après moi. On embarque et on cause pendant presque tout le trajet. Les gens qui voyagent ont beaucoup de choses à se dire.
Arrivées à North Vancouver, on galère un peu pour trouver la bonne ligne de métro pour aller à l'auberge. Finalement on y arrive, il reste une place dans le dortoir des filles pour moi. On pose alors nos affaires puis on part en quête d'une épicerie pour le repas, et je veux aussi montrer aux filles Gastown, le quartier à l'architecture originale. On fait les courses, on retourne à l'auberge savourer une soupe épicée avec nouilles chinoises, puis comme c'est le dernier soir j'offre un verre aux filles, à l'Ivanohé, pour les remercier de m'avoir endurée autant de jours. C'est soirée karaoké, Céline et moi décidons de chanter « La vie en rose », seule chanson que nous deux connaissons dans le petit répertoire en français disponible. J'aime beaucoup cette chanson parce que c'est une chanson que me chantait Mémé Thérèse quand j'étais petite. Au début, je croyais qu'elle avait écrit la chanson et qu'elle parlait de Pépé Job. Après, j'ai su...
Les gens applaudissent fort, ils aiment la langue française ! Une fois ma timidité passée, je décide d'aller en chanter une autre, « Dream a little dream ». Je commence par m'excuser de mon accent, les gens crient pour m'encourager. Bon... Une fois que j'ai terminé, je suis probablement aussi rouge que ma veste. On vide nos verres et on part. Entre temps, le monsieur de la table d'à côté me demande mon numéro de téléphone. Je lui réponds gentiment que mon cœur est pris et lui serre la main. On rentre se coucher directement, faut dire qu'on a du kilomètre au compteur !
Jeudi 12 : Le départ
Les filles m'ont préparé un petit dej surprise, des pancakes au Nutella !!!! Adorapppp', comme on dit chez nous. Je leur laisse ma bouffe, car elles en ont plus besoin que moi j'imagine, leur voyage n'est pas terminé. On se dit au revoir mais pas adieu, car elles viennent me voir à Ottawa la fin de semaine du 18-19-20 juillet.
Je reprends le métro et j'arrive sans encombre à l'aéroport pour prendre mon avion.
J'étais partie pour découvrir un coin de pays, pour aller là où je voulais immigrer au départ, et pour souffler après l'année mouvementée que j'ai eue. J'ai été effectivement soufflée mais par les paysages, la nature et les gens. Et très surprise de m'entendre aussi bien avec des français. Il ne manquait qu'Audrey.
Les coins que j'ai vus en Colombie Britannique sont incroyablement beaux. Incroyables dans le sens où, comme en Mongolie, j'avais du mal à en croire mes yeux tellement la combinaison des paysages magnifiques était surprenante.
Si vous avez l'occasion d'y aller, surtout n'hésitez pas et foncez.
The B in B.C. must stand for Breathtaking !